«Compte tenu de la météo exceptionnelle que nous avons connue depuis l’automne dernier, les cultures sont très développées et le risque de verse potentiellement élevé, constate Jean-Charles Deswarte, écophysiologiste chez Arvalis. Au 20 février, dans l’Ouest, certaines parcelles étaient déjà au stade épi 1 cm. Nous allons avoir deux à trois semaines d’avance par rapport à la moyenne. Par ailleurs, les biomasses sont importantes, avec de nombreuses talles, et les premiers résultats d’analyses font état de reliquats azotés moyens à élevés. »
Vérifier l’état des parcelles
Face à une telle situation, la première fraction azotée doit rester modérée (40 u/ha) et n’arriver que peu de temps avant le stade épi 1 cm. Une trop forte fertilisation de départ ne ferait que maintenir en vie des talles secondaires, inutiles pour le rendement, et affaiblir la rigidité des tiges tout en augmentant le risque de verse.
« Dans l’immédiat, les agriculteurs ont intérêt à vérifier l’état de leurs parcelles, notamment le stade du blé, afin de définir une stratégie selon les résultats de la grille de risque, expose Lise Gautellier, spécialiste des régulateurs chez Arvalis. Quand le stade épi 1 cm n’est pas dépassé, il faut privilégier les interventions avec les produits à base de chlorméquat chlorure (C5 2 l/ha), qui sont à la fois efficaces -car ils interviennent tôt dans le cycle - et peu coûteux. » Afin d’éviter tout problème de phytotoxicité, la prudence impose d’intervenir par temps poussant, en dehors des périodes de gel ou de fortes amplitudes thermiques.
« A la suite de ce premier passage, la surveillance devra se poursuivre, car la météo durant la montaison a un impact fort, avertit Jean-Charles Deswarte. Un défaut de rayonnement provoque l’étiolement de la base des tiges et agit comme une surfertilisation azotée. A contrario, un déficit hydrique prolongé entre un et trois nœuds réduit la croissance et, du même coup, le risque de verse. »
Si le premier scénario se concrétise, une seconde intervention est toujours possible, en faisant appel à des spécialités à base de trinéxapac-éthyl seul (Moddus 0,3 l/ha) entre un et deux nœuds, ou associé à de l’étéphon (Sonis 0,6 l/ha).
Orge : jouer la sécurité
Espèce plus sensible à la verse que le blé, l’orge d’hiver se régule également plus tard dans le cycle. Le premier passage a lieu entre un et deux nœuds. « Compte tenu de l’excès de talles déjà constaté et de la disponibilité en azote, il y a fort à parier que deux applications seront nécessaires, estime Jean-Charles Deswarte. Le seul scénario climatique qui pourrait faire diminuer le risque de verse serait l’absence de pluie entre le 5 mars et le 5 avril prochains. »
Dans le cas contraire, la sécurité passe par un programme de type Moddus, vers un nœud, relayé par une spécialité à base d’étéphon, avant dernière feuille étalée. Pour les variétés les moins sensibles à la verse (Arturio, Etincel) ou en cas de temps plus sec, le passage de l’étéphon seul après deux nœuds est possible.