« Divergence sur Euronext entre les cotations en hausse de la récolte de 2021 et celles de la récolte de 2022 en repli tous produits. Cela traduit les besoins de remplacements de la part des importateurs pour couvrir les défauts de livraison en provenance de la mer Noire », indique Agritel dans une note. Le rapport de l’USDA, paru le 9 mars 2022 dans la soirée, est globalement baissier, « avec des stocks de report supérieurs aux attentes des traders », souligne le cabinet.
> Mercredi 9 mars 2022 sur Euronext, la tonne de blé sur l’échéance de mai clôturait ainsi à 372,25 € (+2,25 €) et sur l’échéance de mai à 312,75 € (–6,75 €). La tonne de maïs clôturait, quant à elle, à 348,50 € (+2,75 €) sur l’échéance de juin et à 344,00 € (–1,00 €) sur l’échéance d’août.
> Jeudi 10 mars 2022, la tonne de blé s’ouvrait à 365,00 € (–7,25 €) sur l’échéance de mai, et à 307,50 € (–5,25 €) sur celle de septembre. La tonne de maïs s’ouvrait, en ce qui la concerne, à 350,00 € (+1,50 €) sur l’échéance de juin, et à 344,00 € (stable) sur celle d’août.
Volatilité
Montés très haut ces derniers jours, les cours mondiaux des céréales, notamment du blé, semblaient se stabiliser, voire amorcer un repli. A-t-on atteint un plafond ? Possible, pour Jack Scoville, vice-président du courtier Price Futures Group, mais « personne ne peut répondre à cette question avec certitude, car personne ne sait ce qui va se passer ».
« Nous avions déjà observé une volatilité forte en 2008 puis en 2010, mais celle-ci est typique d’un contexte de guerre et reflète la peur », souligne Edward de Saint-Denis, courtier à Plantureux et associés.
L’Ukraine sème au Centre-Ouest, la Russie charge
« Aucun navire ne sort de l’Ukraine. En revanche, la Russie charge sur la mer Noire : on voit du mouvement vers la Turquie, le Soudan et l’Égypte », note Damien Vercambre, courtier à Inter-Courtage.
Sur la scène internationale, les prix élevés ont freiné de nombreux acheteurs : la Corée du Sud et la Tunisie ont pour le moment renoncé à un blé trop cher, tandis que l’Algérie a encore repoussé son appel d’offres.
Sur le terrain, la grande question est la capacité de l’Ukraine à semer. Dans les zones où les troupes russes progressent, dans le Nord, le sud et l’est de l’Ukraine, il n’y aura sans doute pas ou peu de semis. En revanche, « dans l’ouest et plus au centre de l’Ukraine, le travail bat son plein » pour les semis de printemps (orge, blé), rapporte Inter-Courtage.
L’enjeu majeur sera pour les semis de maïs et de tournesol — dont l’Ukraine est un très gros exportateur — qui doivent débuter d’ici à trois semaines. Les stocks d’engrais seraient suffisants, mais il pourrait manquer du carburant, indique Edward de Saint-Denis.
En Russie, selon Agritel, « la situation de la disponibilité des semences pour la saison des semis de printemps est sous contrôle ». Le cabinet complète : « Selon les données officielles, les régions du Sud sont approvisionnées en matériel semencier à au moins 70 %. Cependant, les agriculteurs s’inquiètent de la disponibilité des semences importées en raison du retrait rapide des producteurs étrangers sur le marché russe. »
Pas de plan B pour le maïs
Kiev, qui a interdit l’exportation de seigle, d’orge, de sarrasin, de sucre et de viandes, tente par ailleurs d’organiser la sortie par le rail de quelques milliers de tonnes de blé et maïs vers la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie. « Très loin des volumes habituels », souligne M. Vercambre.
« Le maïs est le gros enjeu » pour Gautier Le Molgat, analyste à Agritel : car s’il y aura à terme des substituts au tournesol ukrainien, « pour le maïs, il n’y a pas de plan B ». « On ne peut pas remplacer 12 à 14 tonnes de maïs qui restaient à exporter d’Ukraine », renchérit Damien Vercambre, qui précise que « l’Union européenne envisage d’importer du maïs américain ».