Dans un système de production moyen de céréales et d’oléoprotéagineux du Grand-Est, sans élevage et sans irrigation (1), la consommation médiane d’énergie totale est de 493 EQF/ha (lire « À savoir »). « Une large part est attribuée aux engrais et au fioul », indique Marie Delaune, chargée d’études à la chambre d’agriculture régionale. Ces postes représentent respectivement 262 EQF/ha et 102 EQF/ha. L’électricité (10 EQF/ha), le matériel (19 EQF/ha) et les phytos (16 EQF/ha) sont les autres composantes principales. « On retrouve cette hiérarchie dans les divers systèmes de grandes cultures que nous avons étudiés, à savoir ceux qui irriguent ou incluent plus de 10 % de cultures industrielles ou spécialisées dans leur SAU », indique l’ingénieure, qui présente des résultats du programme Air climat sol énergie (ACSE).
Trois axes d’amélioration
Des bilans d’émissions de gaz à effet de serre (GES) ont aussi été réalisés. « En agriculture, ils sont de trois types : le dioxyde de carbone CO2, le méthane CH4 et le protoxyde d’azote N2O », rappelle-t-elle. Les émissions totales sont exprimées en tonne équivalent de CO2 (téq CO2). « Environ 70 % des émissions de GES sont liées aux engrais : à leur production, leur épandage, et aux pertes azotées », explique Marie Delaune.
Elle propose plusieurs leviers d’amélioration. Le premier est celui de l’optimisation de la fertilisation azotée, avec un bon calcul de dose, la bonne forme, et le bon positionnement. « Par exemple, un apport de solution azotée dans de bonnes conditions - sans vent, avec une hygrométrie correcte et une pluie suffisante pour le valoriser - permettrait d’éviter une volatilisation dans l’air de 10 % de la dose. Pour une exploitation, cela représenterait une économie de 5 % de la consommation d’énergie d’une ferme, et 7,5 % des émissions de GES totaux. »
Deuxième levier, celui de l’introduction de légumineuses. En ajoutant par exemple à une rotation colza/blé/orge en TCS un pois de printemps, un tournesol (peu exigeant en azote), et des cultures intermédiaires contenant des légumineuses (avec ajout de labour), on réduit de 60 kgN/ha les apports en azote, et on augmente les besoins en fioul de 11 l/ha. Au total, cela forme une diminution de 16 % des besoins énergétiques et une baisse de 25 % des émissions de GES. « On peut également améliorer les apports d’azote organique », note Marie Delaune.
Le troisième levier consiste à réaliser des économies de carburant. « Le bon entretien et le contrôle des tracteurs sont importants. Le passage au banc d’essai moteur évite les surconsommations. On peut aussi pratiquer l’éco-conduite et adapter la mécanisation aux besoins ; cela peut mener à des économies de 20 % de carburant. » La diminution du travail du sol est également possible, en jouant sur la profondeur et la fréquence des interventions. « À titre d’exemple, passer d’un 100 % labour à 100 % en semis direct diminue de 6 % la consommation d’énergie et de 3 % les émissions de GES. »
H. Parisot
(1) Consommation moyenne de 165 kg d’azote et 80 litres de fioul par hectare.