Matthieu Girard s’est installé en Gaec avec ses parents il y a dix ans, à Denezé-sous-Doué dans le sud-est du Maine-et-Loire. Les associés produisaient alors du lait de vache. « Les premières chevrettes sont arrivées en 2016 et les vaches ont quitté l’exploitation en 2019 », explique Matthieu, aujourd’hui à la tête d’un troupeau de 750 chèvres alpines et 30 boucs. La production laitière annuelle atteint 700 000 litres.

« Nos chèvres sont élevées en bâtiment, précise le jeune éleveur. Nous sommes en ration complète mélangée (maïs ensilage, enrubannage d’herbe et de luzerne, concentrés) et dans un système 100 % désaisonné, avec une mise à la reproduction en avril et des mises-bas en septembre. »

Perte d’appétit

Il y a six ans, deux bâtiments ont été construits pour accueillir les caprins. L’un abrite la chèvrerie (1 980 m2) et le bloc traite (450 m²). L’autre (540 m²) est affecté aux chevrettes. « À l’époque, dans notre réflexion et dans l’aménagement de la chèvrerie, nous n’avons pas pris en compte l’impact des périodes caniculaires. La toiture et le bardage n’ont pas été isolés. » La toiture l’est pour le bâtiment des chevrettes.

Au fil des pics de chaleur, jusqu’à 40,6°C  le 29 juin 2019, Matthieu constate rapidement des différences entre les deux structures. Il parvient à maintenir la température intérieure au même niveau que la température extérieure, mais l’atmosphère est beaucoup plus lourde et oppressante dans la chèvrerie.  « Les chèvres étant taries en juin, nous n’avions pas d’impact sur la production laitière mais très clairement, les chèvres s’alimentaient moins », affirme l’éleveur.

© Anne Mabire - En 2021, les associés ont isolé la toiture et le bardage de la chèvrerie. Matthieu et son père ont réalisé les travaux pour 20 €/m².

Gérer la ventilation

En ventilation statique, la chèvrerie de Matthieu Girard est orientée selon l’axe nord/sud et équipée d’un portail à chaque extrémité. À la construction, des rideaux guillotine rigides ont été installés à la jonction du bardage et de la charpente. Ils permettent une ouverture maximale d’un mètre. Matthieu la programme en fonction de la température intérieure relevée par cinq sondes.

Entre 10°C et 15°C, les rideaux s’ouvrent sur 5 cm trois minutes tous les quarts d’heure. Cela permet de renouveler l’air. Entre 15°C et 27°C, l’ouverture est permanente et progressive. Passé 30°C, l’éleveur ouvre en plus les deux portails de midi jusqu’à 19 heures. En parallèle, il accentue la surveillance des animaux et nettoie les 12 abreuvoirs quotidiennement, contre deux à trois fois par semaine en temps normal.

« Les chèvres ont bien passé l’été 2022, exceptionnellement chaud »

En théorie, il y a suffisamment d’espace autour de la chèvrerie pour aménager une aire d’exercice extérieure à raison de 25 m² par tête. Une telle installation permettrait aux animaux de sortir la nuit pour se rafraîchir et au bâtiment de se décharger de la chaleur accumulée en journée.

« La configuration intérieure de la chèvrerie ne s’y prête pas, déplore Matthieu. Avec deux aires paillées séparées d’un couloir d’affouragement et une conduite en quatre lots, je ne vois pas comment gérer les mouvements d’animaux. » L’option de la brumisation pourrait convenir, « mais nous n’en sommes pas encore là ! »

Pour l’heure, Matthieu et son père ont commencé par isoler la toiture et le bardage de la chèvrerie avec des panneaux sandwich de 6 cm d’épaisseur. L’été 2021 suivant les travaux, pluvieux et globalement frais, n’a pas permis de tirer des enseignements des récents aménagements.

En revanche, « les chèvres ont bien passé l’été 2022, exceptionnellement chaud sur un temps long. Avec l’isolation, l’air chaud ne bute plus sur les pannes. Il remonte sans obstacle jusqu’au faîtage et s’extrait beaucoup plus vite », sourit Matthieu.