Publiée fin mars dans la revue scientifique Plos One, cette étude est porteuse de bonnes nouvelles à la fois pratiques et éthiques (lire l’encadré). « La C6 induit un cycle de reproduction en dehors de la saison naturelle des petits ruminants, et représente à ce titre une alternative particulièrement intéressante à l’utilisation d’hormones issues de sérums animaux », se félicite l’Inra. Au vu de la polémique qui entoure l’utilisation, encore répandue, de la gonadotrophine chorionique équine (eCG) et le manque de fiabilité des méthodes alternatives, à l’image de « l’effet mâle » et des traitements lumineux, cette avancée est une bouffée d’air frais pour la filière.

Éprouvée dans un dispositif expérimental regroupant une soixantaine de chèvres alpines multipares dans la station Inra de Nouzilly, en Indre-et-Loire, la C6 est un analogue de synthèse du peptide kisspeptine, connu pour son implication dans la régulation naturelle des hormones sexuelles chez les mammifères. Deux dispositifs expérimentaux ont été mis en place afin de démontrer son efficacité et de la comparer à l’eCG.

Injectée en intramusculaire 24 heures après le retrait de l’éponge vaginale (analogue de la progestérone), la molécule de synthèse déclenche un pic de production de LH et de FSH, deux gonadotrophines (1) actrices de la maturation folliculaire et de l’ovulation, 4 à 6 heures après son administration.

Même si l’amplitude est plus importante pendant la saison naturelle (automne/hiver), l’effet est également visible hors saison. « Ceci sous-entend que la C6 est capable de réactiver un mécanisme laissé en dormance une partie de l’année », souligne la publication. La hausse de la concentration sanguine en progestérone sur la semaine suivant l’injection de C6 confirme le déclenchement de l’ovulation, même hors-saison. « Dans tous les cas, l’analogue de la kisspeptine induit une forte synchronisation de l’ovulation » à l’échelle du troupeau, un aspect primordial dans une conduite avec inséminations (IA) et vêlages groupés.

45 % d’ovulations fertiles

Ovulation, oui, mais pour quelle efficacité ? Les effets obtenus sont largement comparables à ceux de l’eCG mais la fertilité apparente reste moindre : « Cinq ovulations fertiles sur onze, contre sept avec l’eCG » lorsque le traitement intervient au début de la saison naturelle (octobre). Aucune variation sur le temps de gestation, la prolificité et le poids des petits à la naissance n’a été enregistrée. Ce résultat reste néanmoins qualifié de « prometteur » par les auteurs de l’étude, convaincus que le protocole - et le taux de gestation - peut encore être amélioré. « Le prochain objectif sera d’identifier la dose optimale à injecter, ainsi que le laps de temps idéal entre le retrait de l’éponge et l’administration de la kisspeptine C6. » Alexandra Courty

(1) Hormone agissant sur les glandes sexuelles, ici les ovaires.