«Le vieillissement du manchon trayeur modifie ses caractéristiques initiales. Les conséquences peuvent être un mauvais massage du trayon, une traite allongée et un risque bactériologique accru », alerte l’Institut de l’élevage (Idele) au travers d’une étude sur l’usure des manchons en caoutchouc menée dans cinq élevages caprins.
« Sur le terrain, 55 % des faisceaux trayeurs ressortent insatisfaisants à l’issue des contrôles Opti’Traite (1), notamment à cause de l’usure des consommables », explique Marine Minier, en charge du projet. Ainsi, il n’est pas rare de trouver des manchons en caoutchouc utilisés pour plus de 6 000 traites, soit deux ou trois fois plus que les recommandations des fabricants. Une manœuvre a priori économique mais qui peut avoir des conséquences notables sur la qualité de la traite.
Flore d’altération
Autour de 3 000 traites, le caoutchouc devient poreux et laisse apparaître fissures et craquelures. Difficiles à nettoyer, ces crevasses sont propices au développement des bactéries. Les manchons, en contact direct avec les trayons et le lait, sont vite colonisés par la microflore. « On note une colonisation ponctuelle de flore d’altération, précise Marine Minier. Les pseudomonas et les coliformes peuvent impacter la transformation du lait : amertume, coloration jaune, problèmes d’affinage… Sans compter que certains types de coliformes (comme E. Coli) sont hautement pathogènes pour l’homme. »
Même si cette usure est inévitable, il est possible de prévenir une érosion prématurée. « Avant utilisation, le stockage des manchons, le plus bref possible, se fait dans un local sans variation de température extrême et à l’abri de la lumière et des produits chimiques, conseille Marine Minier. Une fois en service, il faut suivre les recommandations de lavage du fabriquant. »
Perte d’efficacité
La déformation du manchon, tout aussi inéluctable, affecte quant à elle l’efficacité de la traite. L’aplatissement progressif du manchon selon le plan de flambage complexifie l’écoulement du lait et augmente le risque d’entrée d’air au niveau de l’embouchure. Au cours du temps, le caoutchouc a également tendance à s’assouplir. « Le manchon se ferme de plus en plus facilement… et brutalement sur le trayon, avertit la spécialiste. L’alternance des phases de massage et de succion ne se fait plus correctement et la traite s’en voit allongée. »
Pour préserver l’intégrité des manchons et la fluidité de la traite, Jean-Louis Poulet, de l’Idele, prône une traque quotidienne des « manchons vrillés à l’aide des repères sur les étuis ». Les deux priorités : guetter les signes d’usure (porosité, fissures, déformations, couleur) et respecter la durée de vie préconisée par le fabricant. « Les impacts sont réels, il ne s’agit pas uniquement d’arguments commerciaux ! », conclut Jean-Louis Poulet.
Alexandra Courty
(1) Contrôle annuel de la machine à traire.