Il y a deux ans et demi, l’alimentation des ruminants du Gaec des Doilès à Thilouze, en Indre-et-Loire, occupait Éric Girault pendant près de quatre heures par jour. « Nous élevons 65 vaches laitières, 300 chèvres et près de 100 taurillons à l’engraissement », explique-t-il. Pour réduire cette astreinte, 300 000 euros ont été investis dans l’installation de deux robots d’alimentation et la construction d’une cuisine pour le stockage des fourrages et des concentrés. Le premier robot a été mis en fonctionnement en mai 2018 et le second un an après. Mais l’éleveur a cessé de les utiliser en juillet 2020. « Pendant cette “période robots”, nous sommes passés de quatre à onze rations différentes, sans toucher à nos achats et à l’assolement », indique Éric.

 

28 lots d’animaux

En atelier caprin, trois rations ont été testées : une pour les chèvres en pic de lactation, une pour celles en pleine lactation, et une dernière pour les taries, sans considération du mode de reproduction (insémination ou saillie naturelle). « Les chèvres en début de lactation recevaient davantage de soja et de foin de prairie, afin de couvrir leurs besoins azotés », note Élisa Gentil, conseillère chez Touraine conseil élevage.

Pour les taurillons, la ration unique avait temporairement laissé place à trois rations ciblées. « En finition, les bovins ont besoin de plus d’énergie pour faire du gras, note le producteur. Ils recevaient davantage de concentrés de production, à base d’orge et de triticale, et d’ensilage de maïs. Le rationnement des plus jeunes était plutôt axé sur l’ensilage d’herbe et le soja, pour soutenir leur croissance osseuse et musculaire. »

Enfin, la ration des vaches laitières en production était restée inchangée, mais celle des génisses et taries avait évolué. « D’une seule ration, nous sommes passés à une ration taries, une en prépa-vêlage, une autre pour les génisses de moins de dix mois et une pour les génisses plus âgées », se souvient Éric. Les petites génisses avaient de l’ensilage de maïs, « pour les aider à pousser, mais il était retiré après dix mois d’âge pour limiter l’engraissement lors de la mise à la reproduction ».

Les chevrettes et les veaux étaient, et sont toujours, alimentés manuellement.

 

Retour à quatre rations

Avec l’arrivée du robot et du rationnement par lot, l’éleveur estime avoir économisé du gazole et gagné en termes de croissance des génisses et des taurillons. « La productivité des chèvres a grimpé d’environ 40 kg de lait par tête et par an durant cette période », ajoute Élisa Gentil. Mais, malgré tout, le gain de temps prévu n’était pas au rendez-vous. Confronté à de multiples pannes et sorties de route, Éric Girault est revenu à la mélangeuse cet été. « Je fonctionne à nouveau avec quatre rations : une pour les chèvres, une pour les taurillons, une pour les vaches laitières et une pour les vaches improductives », explique l’éleveur. Néanmoins, les quatre heures d’astreinte quotidiennes sont bien derrière lui. « La cuisine construite pour le robot va rester en service, dit-il. Elle permet d’optimiser les déplacements. En parallèle, nous avons récemment fait l’acquisition d’un broyeur de paille, afin de gagner du temps sur le paillage des bâtiments et sur le broyage du foin destiné à l’alimentation des animaux. »

 

Finalement, deux heures suffisent à une seule personne pour nourrir les quelque 480 ruminants du site. « Il n’est, en revanche, pas possible de repasser à un rationnement individualisé selon les stades physiologiques des animaux, déplore Éric. Les deux robots distri­buaient cinquante rations par jour. Avec une mélangeuse d’une capacité de 12 m3, je ne charge qu’une seule fois pour chacune des quatre rations. Fractionner davantage est difficilement concevable. »

 

Alexandra Courty