«Maintenant que j’ai apprécié la souplesse apportée par la monotraite, je ne reviendrai plus en arrière ! explique Matthieu Bouette. La traite se fait le matin, et la transformation fromagère dans la foulée. Le soir, il ne reste qu’à retourner les fromages, ce qui ne prend qu’une demi-heure. Je peux le faire à 17 heures, avant d’aller chercher mes enfants. Ensuite, je suis disponible pour eux. »

Le fromager élève 62 chèvres alpines sur 41 hectares de parcours à Fajac-en-Val, dans l’Aude. Sa mère Geneviève, salariée à 2/3 temps, l’aide à la fromagerie. Un salarié à mi-temps s’occupe de la traite et de l’alimentation du troupeau. Les parents de Matthieu pratiquaient déjà la monotraite, mais seulement en fin de lactation.

« En 2016, j’ai démarré après les mises bas, à la mi-février, poursuit l’éleveur. Je savais que j’allais perdre un peu de lait. Mais l’année précédente, la production avait grimpé à 59 000 litres, c’était trop. Nous avions saturé au niveau du travail et fini la saison avec des stocks de tomme. »

Le troupeau s’est bien adapté. Les fortes productrices, à plus de 5 litres par jour, avaient les mamelles bien tendues. « Je craignais de perdre davantage de lait, mais certaines de ces chèvres ont quand même donné 1 100 l. »

La production moyenne a reculé de 12 %, passant de 890 à 784 l par chèvre traite. La courbe de lactation a été plus régulière, avec un pic moins marqué et une meilleure persistance. « À côté des fromages lactiques, nous avons pu produire de la tomme jusqu’à la fin de la traite, en décembre », souligne Matthieu. « Et nous avons constaté un meilleur rendement fromager en fin de saison », note Geneviève.

Meilleur état corporel

La ration n’a pas été modifiée, bien que les chèvres aient produit un peu moins. « En fin de lactation, leur état corporel était meilleur », souligne Matthieu. En début de lactation, elles ont reçu 2 kg de foin de Crau et 600 g de concentré par jour. Au pic, le concentré est monté à 1 kg par jour, distribué en deux fois : le matin, à la traite, et le soir, sur le tapis d’alimentation.

La durée de la traite du matin est passée d’une heure et demie à deux heures. En s’équipant de bacs de caillage en remplacement des seaux, Matthieu a réduit la pénibilité et gagné du temps, malgré l’augmentation du volume à transformer en une seule fois. « À deux, nous avons fini à 12 h 30 », ajoute Geneviève.

Avec un seul nettoyage par jour, que ce soit pour les mamelles, la machine à traire ou la fromagerie, Matthieu économise des produits de lavage, de l’eau et de l’électricité. « Avec 50 000 l valorisés à 1,86 €/l, j’ai conservé un bon équilibre économique, tout en allégeant le travail », apprécie-t-il.