Selon la loi, la créance de salaire peut être réclamée par le descendant d’un agriculteur et il peut exercer son droit « après le décès de l’exploitant au cours du règlement de la succession. »
Dans votre cas, toute la difficulté est de déterminer qui est considéré comme « l’exploitant » pendant la période où vous avez travaillé gratuitement. Si c’était votre père, il est a priori trop tard car le salaire différé devait être revendiqué lors de sa succession. En revanche, lorsque les deux époux sont considérés comme exploitants, le salaire différé est assimilé à une dette solidaire. Elle pèse indifféremment sur l’une ou l’autre des successions. Le descendant peut donc le réclamer dès le décès du premier mourant ou en différer le règlement au décès du survivant.
En cas de litige, la détermination de l’ascendant relève du pouvoir souverain des juges du fond du tribunal paritaire des baux ruraux. La participation aux travaux et l’acceptation du risque inhérent à l’activité agricole sont les principaux critères permettant d’identifier l’exploitant.
D’après un arrêt de la Cour de cassation, « la qualité d’exploitante peut être reconnue à l’épouse d’un chef d’exploitation seul immatriculé à la MSA, dès lors que l’exploitation du bien sur lequel les époux s’étaient installés et avaient vécu était nécessairement commune, même si leurs tâches étaient distinctes et respectivement conformes à leurs aptitudes. »