Créé en 2018 par l’État français, le Label bas carbone (LBC) est un cadre de certification au service de la mise en œuvre de la stratégie nationale bas carbone, qui garantit la fiabilité des gains réalisés. Il dispose depuis 2021 d’une méthode Grandes Cultures. À ce jour, les projets de grandes cultures LBC représentent 1163 exploitations agricoles pour 219 000 ha, rapporte l’Institute for climate economics (I4CE) dans son étude publiée en juin 2025 (1). En 2024, Soil Capital, un autre standard de certification opérant en grandes cultures, avait engagé 900 agriculteurs en France pour 250 000 ha. « Les agriculteurs font partie des solutions face au stress climatique. Ils apportent beaucoup de valeur à la société, qu’ils devraient eux aussi pouvoir percevoir », soutient Chuck de Liedekerke, directeur général de Soil Capital.

Plusieurs dispositifs de financement existent pour encourager la transition bas carbone des exploitations, que les agriculteurs ne peuvent pas porter seuls. « Il s’agit d’un modèle économique où les entreprises de l’aval rémunèrent les efforts de réduction d’émissions réalisés par le monde agricole », résume l’étude Acclim-Agri, menée par Agro-Transfert (2). Citons les crédits carbone, que des financeurs achètent sur le marché du carbone volontaire à un agriculteur engagé dans un projet pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Ou les primes filières, développées par les industries agroalimentaires qui proposent un «bonus» à la tonne de matière agricole vendue, en échange de la mise en place de pratiques définies dans un cahier des charges. S’ajoutent aussi des partenariats multi-filières, privés/publics, Paiements pour service environnementaux (PSE), Mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC)…

Le financement, « nerf de la guerre »

Si ces mécanismes représentent une opportunité pour les agriculteurs, pour autant, l’étape de passage à l’échelle de ces démarches n’a pas encore été franchie. « Le nerf de la guerre, c’est le financement et l’accompagnement, avance Carole Le Jeune, responsable carbone à la Coopération agricole. Derrière les démarches de structuration et de massification de la transition, il y a énormément de coûts, sur tous les maillons de la chaîne. Parce que pour mobiliser un agriculteur, il faut en mobiliser plusieurs, les accompagner, pas seulement sur un diagnostic mais aussi sur les actions pour modifier les pratiques. Pour cela, il faut des conseillers formés. Et tout changement de pratiques engendre un risque sur la récolte, qu’il faut aussi accompagner. »

Par ailleurs, « le Label bas carbone et les crédits carbone nationaux représentent à peine 2 % des crédits consommés chaque année par les acteurs français. Il y a un sujet de reconquête : pourquoi aller chercher ailleurs ce qu’on a chez nous ? D’autant que les crédits internationaux et français sont peu comparables », considère Dominique Moreau-Ferellec, directeur de Carbioz, une nouvelle offre du groupe Crédit Agricole qui propose aux entreprises d’investir dans des projets agricoles mettant en place des pratiques bas carbone.

(1) « Le Label bas carbone : quel bilan après 6 ans d’existence ? »

(2) Financée par l’Ademe