Dans une synthèse rédigée en juillet 2021, le Commissariat général au développement durable (le CGDD, une direction du ministère de la Transition écologique) a présenté les principaux résultats de la campagne nationale exploratoire de mesure des résidus de pesticides dans l’air extérieur (CNEP), menée en France entre 2018 et 2019 (1).

 

Pour cela, 50 sites avaient été choisis en métropole et Outre-mer, pour le suivi de 75 substances actives. Les sites comprenaient des milieux urbains et périurbains, représentatifs des principaux systèmes agricoles (grandes cultures, viticulture, arboriculture, maraîchage, élevage).

Neuf substances actives fréquemment quantifiées

En métropole, sur les 75 substances actives recherchées (dont 26 interdites en France), 56 ont été quantifiées au moins une fois. Seules 9 avaient une fréquence de quantification supérieure à 20 % (chlorothalonil, chlorpyriphos methyl, folpel, S-métolachlore, prosulfocarbe, triallate, glyphosate, pendimethaline et lindane).

 

« Les concentrations moyennes annuelles sont en majorité inférieures à 0,1 ng/m3 », ajoute le CGDD, qui rappelle l’absence de seuils réglementaires à ce jour. En métropole, 8 substances actives ont dépassé ce seuil, dont le folpel et le prosulfocarbe, tous deux à plus de 1 ng/m3.

 

Les fréquences de quantification et les concentrations annuelles sont relativement bien corrélées aux profils agricoles et périodes de traitement, à l’exception des sites de type « arboriculture », plus influencés par les variabilités climatiques et parasitaires interannuelles.

Focus sur le glyphosate

Figurant parmi les 9 substances les plus quantifiées en métropole, « le glyphosate fait partie des pesticides recherchés pour la première fois sur plusieurs régions en simultané durant la CNEP », explique le CGDD.

 

Ce résultat traduit une grande utilisation mais s’explique aussi par une limite de quantification plus faible que les autres matières actives et une « technique de prélèvement employée qui collecte davantage de matière ». Quant à la concentration moyenne annuelle (0,04 ng/m3), il s’agit de la plus faible des 9 substances les plus quantifiées en métropole.

Des investigations à poursuivre

Les résultats de cette campagne serviront au suivi annuel des pesticides dans l’air, lancé en juillet dernier par Atmo France (2), Ineris (3) et le laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air.

 

L’Anses (4) et un groupe d’experts indépendants ont quant à eux déjà conduit des travaux pour une première interprétation sanitaire de ces données : « 32 substances (5) sont ainsi retenues pour des investigations complémentaires, afin de déterminer précisément les risques induits par leur présence dans l’air extérieur pour la santé de la population générale », note le CGDD.

(1) Rapport complet disponible sur le site du Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air

(2) Fédération du réseau national des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) réparties sur l’ensemble du territoire (une par région).

(3) Institut national de l’environnement industriel et des risques

(4) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

(5) deltaméthrine, diuron, époxiconazole, étofenprox, fénarimol, iprodione, lindane, linuron, métribuzine, myclobutanil, pentachlorophénol, phosmet, perméthrine, 2,4-Di, boscalid, chlorothalonil, chlorpropham, chlorpyriphos-éthyl, cyprodinil, fenpropidine, fluazinam, folpel, glyphosate, métazachlore, oxadiazon, pendiméthaline, propyzamide, pyriméthanil, S-métolachlore, spiroxamine, tébuconazole, triallate.