Sur un chantier, « partir à quatre, c’est bien ; revenir à quatre, c’est mieux ». C’est le titre du petit film qui vient de remporter le premier prix du huitième concours de vidéos en milieu scolaire sur la santé et sécurité au travail organisé par la MSA et l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Il a été réalisé par des élèves du brevet professionnel « responsable des chantiers forestiers » du Centre de formation d’apprentis agricoles de Bellegarde (Loiret).
Dans ce film de deux minutes, on voit un groupe de bûcherons participer à une enquête sur un accident fatal à un des membres de leur équipe. On se rend compte que tout ce qu’il ne fallait pas faire a été fait : pas de fiche de chantier, pas de préparation du matériel, pas de communication entre les membres de l’équipe. « On pensait que c’était une perte de temps », revient plusieurs fois pour justifier ces négligences. La seconde partie du film présente, au contraire, les situations nécessaires pour mener un chantier forestier en sécurité.
« C’est un peu le salaire de la peur »
Les jeunes ont réalisé ce film durant un véritable chantier auquel ils participaient. « La vidéo prend appui sur les situations réelles parce que les travaux forestiers sont parmi les plus dangereux du monde agricole. Parfois, on se dit que partir en forêt, c’est un peu le salaire de la peur », explique Didier Polanowski, le directeur du CFA agricole de Bellegarde. Cet établissement de 304 apprentis fait partie de l’établissement public agricole du Loiret qui pèse un poids important pour l’enseignement forestier en France. Dans ce département, à peu près toutes les formations forestières sont dispensées à différents niveaux dans les établissements de Bellegarde, de Montargis, de Nogent-sur-Vernisson et des Barres.
Un regard critique sur des pratiques réelles
« Nous avons voulu nous appuyer sur une véritable situation de travail parce que c’est le moyen pour les élèves de porter un regard critique sur leurs pratiques réelles », continue Florent Marquet, formateur en techniques forestières au CFA de Bellegarde. Les élèves étaient déjà titulaires d’un CAP et ils suivent leur formation au brevet professionnel par la voie de l’apprentissage. « Ce sont donc des situations qu’ils ont déjà entendues. Nous voulions qu’ils assimilent bien qu’ils peuvent mettre en œuvre la sécurité de façon concrète. C’est un savoir-être qui s’acquiert », renforce Antony Revillard, un autre formateur qui a participé au projet.
« À cet âge-là, on ne réfléchit pas forcément à la sécurité. On pense que c’est l’affaire du chef. En se réappropriant un regard critique sur les pratiques réelles, nous voulions qu’ils intègrent que la sécurité est l’affaire de chacun sur un chantier », reprend Florent Marquet. À raison d’une heure par jour, sur le chantier entre octobre et avril, les élèves ont construit leur scénario. Ils se sont filmés tout simplement au smartphone, ce qui a demandé un certain travail de postproduction par la suite.
Des compétences à acquérir
Les formateurs ont l’intention de réutiliser ce film dans d’autres formations pour sensibiliser à la prévention sur le terrain. « On veut aussi faire prendre conscience que les métiers forestiers, ce n’est pas juste couper des arbres. Ces métiers font appel à plusieurs dimensions comme la technique, l’organisation, le management, etc., qui en élargissent les domaines de compétences », conclut Antony Revillard.
Depuis huit ans, l’objectif de ce concours est de sensibiliser les jeunes à la sécurité en situation de travail dans le milieu agricole. Cette année, environ quarante vidéos, parfois très imagées et à la production savamment travaillée, ont été déposées sur la page Dailymotion réservée au concours.
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