Le cinquième colloque de l’Afaïa, syndicat professionnel représentant les entreprises qui fabriquent et mettent sur le marché les matières fertilisantes et supports de culture, a eu lieu mardi 19 novembre 2024. L’occasion pour la profession d’ouvrir davantage les discussions vers les agriculteurs.
« Avancer ensemble »
« Nous développons des solutions et démontrons que ça fonctionne. Mais ce n’est pas toujours évident de relayer ce message jusqu’aux agriculteurs, a indiqué la présidente du syndicat, Laetitia Fourié. Pourtant, ils sont les premiers à tester nos solutions, à aller vers un changement de pratique, obligatoire avec un modèle agricole qui n’est plus fonctionnel. »
Et d’ajouter : « De nouvelles solutions existent et ne fonctionnent pas forcément dans toutes les conditions, mais l’idée est de déterminer quels sont les paramètres qui biaisent la réussite et d’avancer ensemble. »
Du potentiel
Les entreprises n’ont pas eu à pâtir de la période du Covid, car la fabrication de fertilisants était considérée comme « activité essentielle ». Puis la guerre en Ukraine en 2022 a eu un impact sur le prix des engrais minéraux. Dans ce contexte, les organiques et les organo-minéraux ont pu être une réponse, avec des prix plus acceptables.
« Toutefois, pour 2023-2024, les perspectives ne sont pas très encourageantes, d’autant qu’il y a un fort coup d’arrêt sur l’agriculture biologique, complète Laetitia Fourié. Même s’il y a du potentiel, cela ne demeure pas très positif en termes de ventes. Certaines structures qui avaient beaucoup investi dans l’innovation se retrouvent même en difficulté. »
« Et même si l’innovation est intéressante, au final, elle peut ne plus répondre à un débouché, à un besoin. Car réglementairement cela peut prendre du temps. Or dans ces cas de figure, cela devient très compliqué pour les entreprises, notamment pour les start-ups », a souligné la directrice de l’Afaïa, Stéphanie Tripez.
Règlement européen
L’Afaïa a précisé qu’il n’y a pas actuellement de tension sur la disponibilité des matières. Toutefois, leurs produits étant basés sur le recyclage d’autres industries avec beaucoup de produits à partir d’excréments animaux, de sous-produits animaux, de matières végétales issues de l’agroalimentaire ou de la pharmacie, leur disponibilité pourrait à plus long terme se poser.
« Si on ne cultive plus, on n’élève plus sur le territoire, il se posera la question de la disponibilité et on n’aura plus d’intérêts à fabriquer en France des produits organiques », appuie Laetitia Fourié.
« Le règlement européen sur les matières fertilisantes et supports de culture est une vraie opportunité pour nos entreprises », a considéré Laetitia Fourié. Il a d’ailleurs été modifié en mars dernier. Les lisiers et fumiers transformés sont désormais autorisés et peuvent circuler librement sans plus aucune obligation de traçabilité liée à leur statut sur le territoire européen.
« Les travaux sont en revanche encore en cours pour les autres matières premières (sang, plume, corne, farine animale…). Le temps réglementaire est long et on espère avoir une liste pour 2025-2026 », a précisé Laetitia Fourié.
Toutefois, on peut noter que la mise sur le marché de ce type de produits est déjà gérée depuis longtemps et la plupart des réglementations nationales ont déjà des catégories pour ces derniers.
« Ce qui demeure pénible, c’est qu’il faut s’adapter à toutes les réglementations nationales en attendant. Le règlement européen aura donc l’avantage de limiter ces contraintes pour circuler plus facilement. Et il crée une équité entre les agriculteurs européens », conclut l’Afaïa.