« Depuis 2016, le marché a progressé en moyenne de 12 % », informe Stéphanie Tiprez directrice de l’Afaïa (1). Souvent, les spécialités concernées sont associées à des engrais ou des supports de culture, ce qui pose parfois problème pour avoir une estimation fine mais l’Afaïa précise qu’au niveau européen, la France reste le marché le plus avancé en termes de ventes comme de réglementation.

Croissance exponentielle

En complément, une étude menée par Kynetec sur la période 2017-2022 montre que si le marché global de la santé du végétal a baissé de 10 points en termes de surfaces, les biosolutions (biocontrôle et biostimulants) ont, elles, progressé de 43 points. Plus spécifiquement sur la partie biostimulante, l’enquête confirme une évolution exponentielle avec + 60 % en termes de surfaces et + 131 % en valeur. Si les grandes cultures utilisent encore peu ces produits comparativement aux cultures spécialisées ou à la vigne, il existe malgré tout un fort dynamisme sur ce marché depuis deux ans notamment sur colza.

Avec une bonne moitié de produits proposés à base d’algues ou d’extraits de plantes, d’autres composés d’extraits humiques (tourbe, lignine…) ou encore de préparations microbiennes (champignon ou bactérie symbiotiques ou non…), il s’agit d’un marché porteur. En effet, leurs principes actifs permettent de lutter contre les stress abiotiques, qui touchent de plus en plus les cultures. Ils ont aussi toute leur place dans un contexte de prix des fertilisants qui explosent et d’offre moindre en pesticides.

Olmix, Hello Nature, Gaïago, Biovitis, Agrimer, Action Pin… les metteurs en marchés sont nombreux et l’offre de produits pléthorique. Même si certains biostimulants sont encore commercialisés sans les homologations Adhoc, et parfois avec une efficacité toute relative, les autorisations de mises sur le marché et le marquage CE ont permis de crédibiliser ce marché. De plus, tous les acteurs notent le rôle clef de la distribution, qui s’est désormais emparée de ce thème dans ses évaluations et propose « enfin » des spécialités à ses adhérents. Ainsi, Elicit Plant, qui commercialise BestA sur maïs, se félicite qu’une cinquantaine de coopératives le distribuent.

Accords et rachats

Désormais, même les sociétés historiquement orientées « protection des cultures » s’y intéressent passant souvent par des partenariats ou des rachats d’entreprises. Ainsi, Syngenta a acquis Valagro (qui propose notamment Megafol, Talete) et commercialise Revolt Céréales, mis au point par la startup Axioma. Corteva Agriscience a pour sa part signé des partenariats avec STI technologies ou Symborg. La firme, qui commercialise depuis 2022 BlueN et Kinsidro Start, propose aussi des offres biostimulants associées à des produits de protection des plantes. Cérience mise notamment sur des biostimulants appliqués aux semences de maïs et de lupin suite à un accord signé avec Frayssinet. Olmix a, lui, complété sa gamme récemment avec l’acquisition de Bois Valor.

UPL a d’ailleurs rappelé le 2 février dernier lors du lancement officiel de NPP (Natural Plant protection) son ambition que les biosolutions représentent 60 % de son chiffre d’affaires en 2030-2040 (30 % en 2021-2022). Cela passe et passera par des efforts conséquents pour les sociétés concernées en termes de R & D notamment. Alors certes, les biostimulants ne pourront pas tout révolutionner mais tous ces acteurs estiment qu’ils vont jouer un rôle essentiel vers une agriculture plus durable.

1. Association syndicale des fabricants de supports de culture, paillages, amendements organiques, engrais organiques et organe-minéraux et biostimulants.