Trop, c’est trop. En Camargue et en Crau (Bouches-du-Rhône et Gard), les agriculteurs dénoncent l’appropriation des terres agricoles par le Conservatoire du littoral. « C’est une véritable hémorragie foncière, s’indigne Clément Jouve, représentant des Jeunes Agriculteurs (JA) des Bouches-du-Rhône. L’établissement public bénéficie d’un droit de préemption supérieur à celui de la Safer. Une fois achetées, les parcelles entrent dans le domaine public et ne peuvent plus être rétrocédées aux agriculteurs. » D’après les syndicats agricoles JA et FNSEA 13, le Conservatoire du littoral possèderait 44 000 ha entre la Camargue, la Crau et les Alpilles, dont 6 000 ha pourraient être cultivées. « Sous couvert de protection de l’environnement, ces terrains restent souvent en friche, déplore Bertrand Mazel, président du syndicat des riziculteurs. Résultat, les sangliers prolifèrent, le sel remonte dans les sols, et les déséquilibres écologiques s’aggravent. »

Des conventions inadaptées

Pour les entretenir, le Conservatoire propose des conventions d’occupation temporaire à des éleveurs. Mais celles-ci s’avèrent peu adaptées. « Nos bêtes ont toujours pâturé les marais au printemps et en été, lorsqu’il y a de l’herbe, témoigne un éleveur impacté. On nous demande de le faire en hiver, sous prétexte de recherches. On nous oblige à déplacer les troupeaux pendant leur cycle de reproduction. » L’entretien des infrastructures (chemins, bâtiments, clôtures…) censé être assuré par le Conservatoire, n’est pas réalisé. « Tout est en piteux état, ce qui nous empêche de travailler en toute sécurité », poursuit l’éleveur. Face à cette situation, les JA réclament que la Safer reprenne la main dans les transactions agricoles. « Cela permettra de stabiliser le prix des terres agricoles », souligne Clément Lajoux, qui accuse le Conservatoire d’acheter les terres au-dessus du prix du marché, freinant l’installation des jeunes.