Sur l’ancienne base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge, détenue par l’intercommunalité Cœur d’Essonne Agglomération, 13 brebis solognotes arrivent dans un parc d’1,5 ha. « C’est un lot dédié à la sélection », précise le berger sans terre Sylvain Fabiani qui élève 300 têtes. Sept autres brebis pâturent un deuxième parc d’un hectare. Les deux lots tournent sur trois parcs (5,5 ha au total) d’avril à décembre. Tous ses animaux sont répartis à travers l’Île-de-France sur près d’une cinquantaine de sites appartenant à des sociétés privées (via un partenariat avec des entreprises du paysage notamment) ou des collectivités (en répondant à des commandes publiques).
Il visite tous les sites chaque semaine, sauf ceux où il a formé une équipe à la surveillance du troupeau chez son client (une fois par mois). « Les demandes explosent en zone périurbaine, je suis passé de 120 à 300 têtes depuis que je suis installé il y a quatre ans, et je peine à répondre à toutes les sollicitations. » Pour éviter les dérives au sein de cette pratique en pleine expansion, la Fédération française d’écopâturage a fixé des règles en faveur du bien-être animal et de l’environnement telles qu’un chargement réduit et des rotations obligatoires pour éviter le surpâturage.
Créer du lien
Pour cet ingénieur en paysage, éleveur dans l’âme et passionné de sélection ovine, l’écopâturage vise plusieurs objectifs : l’entretien des espaces verts et le développement de la biodiversité, la conservation de cette race à petit effectif, et la sensibilisation du grand public à l’écologie. « J’organise des animations telles que des transhumances urbaines, la tonte des moutons, le filage de la laine, le tissage, la conduite du troupeau avec un chien…L’animal a toute sa place en ville pour l’entretien mais aussi pour créer du lien et reconnecter les urbains au vivant. » Par ailleurs, « cette activité en hybridation entre élevage et entretien du paysage peut représenter un vrai complément de revenu pour un éleveur, estime Sylvain. Les deux métiers ne doivent pas s’opposer. »