La commune de Tilloy et Bellay, dans la Marne, constitue un espace-test pour mettre en place une trame verte à l’échelle d’une commune. Jean-Marie Delanery fait partie des agriculteurs impliqués dans le projet. Il cultive 260 hectares de grandes cultures et gère un élevage de canards, dont les produits transformés sont vendus en direct à la ferme et dans plusieurs points de vente. Sensible à la biodiversité qu’il considère comme « une culture à part entière », l’agriculteur a souhaité lui accorder une place importante dans la conduite de son exploitation.
Partant du constat qu’il existait peu d’aménagements favorables à proximité et à l’intérieur de ses parcelles, il a mis en place au fur et à mesure des installations pour attirer pollinisateurs, auxiliaires et faune sauvage. Dès 2007, Jean-Marie Delanery a souhaité redécouper certaines grandes parcelles de son assolement et implanter des haies.
Bords de chemin
Avec l’appui d’Agrifaune (1), il a ensuite bénéficié d’aménagements sur les bords de chemins longeant certaines de ses parcelles permettant ainsi d’observer l’activité des insectes. En 2017, un couvert avec fleurs de 11 espèces a été semé à 25 kilos par hectare, composé principalement de paturin des prés, paturin commun, fromental, trèfle blanc, luzerne lupuline, ou encore d’achillée millefeuille. Ce semis a été réalisé avec un Sem’Obord, semoir de 90 cm de largeur fixé sur un bras déporté, équipé d’un rotavator qui assure le travail du sol et d’un rouleau pneumatique qui permet d’appuyer le lit de semences. Le fauchage de ces bords de chemin est retardé pour permettre une floraison abondante. « Le but est d’avoir le maximum de fleurs une majeure partie de l’année pour retrouver des pollinisateurs et auxiliaires dans ces bords de chemins », analyse Jean-Marie Delanery.
Diminuer les insecticides
L’agriculteur a également mis en place des bandes intra-parcellaires dans certains champs pour augmenter la diversité et la quantité de ressources pour les pollinisateurs. « Phacélie, trèfle, minette et autres espèces ont été semées pour qu’il n’y ait plus de disette alimentaire, notamment sur les mois de mai et juin », explique Jean-Marie Delanery qui tient compte du parcellaire et des adventices pour broyer au moment le plus approprié.

Même s’il reconnaît que ces aménagements peuvent salir les parcelles, il considère cette démarche vertueuse pour les apiculteurs environnants mais également pour lui. « Cela me permet de me réapproprier la biodiversité sur mes parcelles et d’étudier précisément ce qu’il est possible de mettre en place ». Afin de mesurer l’efficacité des aménagements réalisés sur les pollinisateurs, six ruches sédentaires connectées ont été installées sur le territoire. Des données sont extraites du rucher et notamment la ressource mellifère disponible.
Grâce à la mise en place de ces divers aménagements, Jean-Marie Delanery a réussi à diminuer le nombre de traitements insecticides sur ses parcelles. Il espère, à termes, les supprimer.
(1) Programme créé en 2006 par l’Office français de la biodiversité, la Fédération nationale des chasseurs, Chambres d’agriculture France et la FNSEA.