Le congrès mondial pour la nature de l’UICN (1), qui s’est tenu récemment à Marseille, a présenté une étude réalisée en Mésoamérique (Mexique, Honduras, Guatemala…) et portant sur 224 plantes sauvages apparentées aux cultures de maïs, pommes de terre, haricots, courges, coton…, révélant que 35 % de ces plantes sauvages étaient menacées d’extinction. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’évolution future de leurs « cousines » domestiquées et cultivées. En effet, la diversité génétique est de nos jours plus que jamais essentielle, en permettant notamment de rendre les cultures plus résilientes face au changement climatique. Il y va de notre sécurité alimentaire.

Pour bien comprendre ces enjeux majeurs, l’agronome, linguiste et ethnobotaniste, Michel Chauvet, dans un magnifique ouvrage L’encyclopédie des plantes alimentaires (2), nous offre un formidable périple botanique et culturel dans l’univers des plantes alimentaires. Un travail de bénédictin, fruit d’une vingtaine d’années de recherches méticuleuses ! En effet, l’auteur y analyse avec toute la rigueur du scientifique, mais sous une forme agréable et dans un style accessible par le plus grand nombre, 670 espèces, des plus connues comme les céréales, jusqu’à certaines plantes désormais oubliées comme la manne terrestre, la graine du paradis ou le chervis.

Au fil des 887 pages richement illustrées, l’on découvre que notre alimentation est le produit d’une longue histoire, souvent passionnante. Pour chacune de ces espèces, Michel Chauvet explique les origines géographiques et la diffusion, les caractéristiques biologiques et génétiques, les différentes variétés, les usages alimentaires. Il aborde aussi les aspects ethnologique, économique, et même culinaire. Car l’auteur a lui-même cuisiné et goûté toutes les plantes dont il parle. Cela donne un éloge de la biodiversité de notre patrimoine culinaire, qu’il nous faut sauver impérativement.

(1) Union internationale pour la conservation de la nature.

(2) Éditions Belin, 69 €.