L’association des entreprises de biocontrôle, IBMA France, fête cette année deux anniversaires : ses vingt-cinq ans et les dix ans de la définition officielle d’un produit de biocontrôle. Cette étape ainsi que sa transcription dans le code rural (art. L. 253-6) ont marqué un tournant. Dans la foulée, « il y a eu des mesures incitatives ; réglementaires et/ou financières. Elles ont permis à notre secteur de se développer », a rappelé Céline Barthet, présidente d’IBMA France, le 16 janvier 2024 dans le cadre des dixièmes Rencontres du biocontrôle organisées à Angers (Maine-et-Loire) .
11 % de part de marché
En France, actuellement, le biocontrôle représente 11 % du marché de la protection des plantes. Sur dix ans (2014-2023), sa part a progressé de 0,56 point par an en moyenne. Et si l’arboriculture, la viticulture et le maraîchage ont joué les « têtes de pont », c’est aujourd’hui du côté des grandes cultures que se portent les ambitions de développement. Dans ce secteur, moins d’un agriculteur sur deux utilise des solutions de biocontrôle (Source : cabinet d’études Kynetec) et ceux qui le font en utilisent peu.
Des substances en attente de validation
Si l’objectif est clair, le combat s’avère complexe. Désormais, c’est au niveau européen qu’IBMA le porte, à Bruxelles. « C’est là que se situe le goulot d’étranglement », pointe Céline Barthet. IBMA France estime à une cinquantaine le nombre de substances en attente de validation. Concrètement, « cela représente plusieurs centaines de solutions », précise Ronan Goff, vice-président.
Forte de son expérience, IBMA milite pour que l’Union européenne définisse elle aussi ce qu’est un produit de biocontrôle. Pas simple ! « Nous avions bon espoir d’y parvenir dans le cadre de la proposition de règlement SUR relatif à l’utilisation durable des pesticides, rappelle Denis Longevialle, directeur général d’IBMA France, mais celle-ci a été rejetée par le Parlement, à la fin de novembre 2023. »
Former, encore et encore
Convaincre, massifier le biocontrôle ? Cela passe aussi par la formation. Initiale ou continue, « c’est l’un des enjeux forts de ce secteur », a souligné le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, invité de ces dixèmes Rencontres du biocontrôle. Un point d’accord avec IBMA France, qui n’a toutefois pas hésité à remettre en cause la séparation du conseil de la vente des produits de protection des cultures.
En vigueur depuis le 1er janvier 2021, « elle a en réalité privé les agriculteurs de conseils. Or en matière de biocontrôle, ils sont indispensables », a exposé Céline Barthet. Attirant ce commentaire de Marc Fesneau, « sur ce sujet, il faut peut-être se dire tranquillement que ça ne marche pas et retravailler ».