L’heure est au questionnement : la Commission européenne doit réviser la règlementation en matière de bien-être animal pour la fin de 2023. Quels coûts cela pourrait représenter pour un éleveur de porcs d’arrêter les cages ? C’est à cette question que répond Yvonnick Rousselière, ingénieur à l’Institut du porc (Ifip), à l’occasion d’un webinaire organisé par l’Académie de l’agriculture le 8 mars 2023. « Tout d’abord, arrêt des cages ne veut pas dire arrêt de la contention », éclaircit le spécialiste. Les cages en élevage porcin sont encore d’actualité dans la phase d’allaitement (en maternité) et pour l’insémination (en verraterie).
« En maternité, il existe aujourd’hui deux modèles, l’un où la truie est maintenue en position bloquée et l’autre ou elle peut circuler librement et être contenue au besoin », poursuit Yvonnick Rousselière. La différence de surface ? 4,5 m² pour la maternité bloquée pour plus de 6,5 m² en maternité liberté : « On a remarqué qu’en dessous de 6,5 m², le nombre de porcelets écrasés augmente. » Pour éviter cela, il faut combiner une surface assez élevée et une zone chauffée « en recoin » pour que la truie n’y ait pas accès.
Surplus de coût de rénovation
Quelles répercussions économiques pour l’installation de maternités en liberté ? L'Ifip a fait les calculs : le coût de la rénovation pour passer de case bloquée à case libre s’élève à 5 500 euros par case. En effet, il faut à la fois rénover l'aménagement intérieur du bâtiment pour mettre en place des cases plus grandes, et rajouter une extension de bâtiment d’environ 30 % pour compenser cet agrandissement. À titre de comparaison, renouveler une maternité bloquée (qui ne nécessite qu'un aménagement intérieur) coûte 4 500 euros la place. « Pour construire à neuf, l’écart de prix grimpe, indique Yvonnick Rousselière : 6 500 euros la place en maternité bloquée et 9 000 euros pour une maternité libre. »

La verraterie en liberté, quant à elle, « n’est rien d’autre qu’un bloc gestante supplémentaire. Les allées jusqu’alors affectées à la circulation de l’éleveur et du chariot ou du verrat sont ouvertes pour les truies, et des loges permettent de les contenir au moment voulu », explique l’ingénieur de l'Ifip. Pas de surface supplémentaire à prévoir donc. Il faudra compter 1 200 euros par place pour passer d’une verraterie bloquée à une verraterie libre. Pour construire à neuf, les prix sont presque équivalents, respectivement 2 300 euros et 2 500 euros la place.

Augmentation du temps de travail
D’autres facteurs sont à prendre en compte. Qui dit surface supplémentaire dit temps de lavage supérieur. De plus, « c’est assez chronophage d’ouvrir et de fermer les cages à chaque fois », commente Yvonnick Rousselière. L’alimentation des truies nécessite également d’être revue à la hausse avec la dépense d’énergie additionnelle liée à la déambulation libre.
« Finalement, si la totalité des fermes françaises passaient en cages en liberté pour la maternité et la verraterie, le coût serait d’environ 1,5 milliard d’euros. Et dans cette estimation n’est pris en compte que le coût de la rénovation », clôt l’ingénieur en bâtiment.