Dans la perspective des élections européennes, l’ONG affichait l’ambition de faire un état des lieux en France et en Europe, et surtout « d’envisager des perspectives d’évolution ». « L’abattage est un problème majeur en général et l’abattage sans étourdissement en particulier », souligne son président Jean-Pierre Kieffer en introduction.

La filière favorable à l’étourdissement

Audrey Lebrun, chargée de mission à Interbev, a souligné que la filière est favorable à une généralisation de l’étourdissement à condition que cette évolution soit partagée par l’État et les cultes. Jean-Pierre Kieffer, qui préfère parler d’abattage sans étourdissement plutôt que rituel pour éviter toute « stigmatisation » des communautés musulmanes ou juives, regrette que chacun se renvoie la balle dans ce dossier sensible : « Soyons dans la prise en compte de l’animal, être sensible ! »

 

Et de rappeler la liberté de conscience pour ceux qui n’ont pas de religion, estimant qu’il y a un problème en particulier avec l’abattage sans étourdissement des bovins : « Il y a des solutions qui pourraient être acceptées par les cultes, ça l’est à l’étranger : soit un étourdissement immédiat après jugulation, soit un étourdissement réversible préalable à la jugulation. »

 

Léa Letissier, docteur vétérinaire, donne quelques chiffres concernant l’abattage rituel en France : 3,4 millions d’animaux par an, soit 32 % des bêtes abattues. Et le marché halal représente 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. « C’est un sujet sensible, aux enjeux financiers majeurs », estime-t-elle, plaisant pour l’obligation de réalisation du soulagement, « un compromis pour raccourcir les souffrances ».

 

La position des cultes

En son absence, un communiqué de Dalil Boubakeur, le recteur de la grande mosquée de Paris, a été lu indiquant que l’abattage rituel « n’implique pas forcément de souffrances animales » et que le débat ne le laisse pas indifférent. Il a été précisé que « le bien-être animal est inscrit dans le Coran ». L’importance de la qualité du geste sacrificiel a été mise en avant. Une photo du recteur en compagnie de Brigitte Bardot a été présentée au public par Christophe Marie, porte-parole de la fondation Brigitte Bardot. Sans doute comme signe « d’ouverture » ?

 

« On compare souvent l’abattage juif et musulman. Or les règles ne sont pas les mêmes », explique Liliane Vana, spécialiste en droit hébraïque. Selon elle, aucun de ces modes ne sont tolérables par la loi juive : pistolet ou décharge électrique car il faut l’intégrité totale de l’animal (notion de bon état sanitaire). « La défense de l’abattage rituel juif n’exclut pas les nouvelles réflexions sur la souffrance animale », a-t-elle toutefois défendu, estimant que l’abattage rituel est censé tenir compte des connaissances de la science (dans la mesure où les lois juives le permettent).

 

De son côté, Geneviève Gaillard, ancienne députée, a appelé à ce que des tribunes soient lancées à l’occasion de la campagne aux élections européennes « afin de faire comprendre à la population ce qu’est l’abattage rituel sans propos stigmatisants » et peser auprès des pouvoirs publics.