Cet été encore, la production des laitières a considérablement baissé pendant la canicule. Pour limiter l’impact des fortes chaleurs, l’amélioration de la ventilation dans le bâtiment constitue une piste à explorer. « Sans équipement, le défi est souvent compliqué à relever, car les volumes d’air dans les stabulations sont de plus en plus importants, et largement supérieurs aux normes, précise François Normand, expert bâtiment à Elv’Up. Contrairement aux idées reçues, plus les volumes sont grands, plus les masses sont difficiles à déplacer. »

Concrètement, dans une stabulation où chaque animal dispose de 60 m3 d’air, une situation fréquemment rencontrée, il faut renouveler ce volume trente-trois fois par heure, car un bovin adulte a besoin de 2 000 m3 d’air « frais » toutes les heures. « Autrement dit, lors d’un diagnostic avec un fumigène, celui-ci doit disparaître en 2 minutes, explique l’expert. Or, c’est rarement le cas. » Sans vent, et par temps de brouillard, on a beau ouvrir, cela ne ventile pas. D’où la nécessité de recourir à des solutions dynamiques pour créer un flux.

Ventilateurs verticaux

Il existe de nombreuses solutions sur le marché. En France, deux types de ventilateurs sont principalement rencontrés : horizontal à flux vertical, une sorte de « grand hélicoptère à pales », et les verticaux à flux horizontal, qui évacuent l’air par les pignons. Ces derniers coûtent de 1 000 à 2 000 euros pièce (pose comprise). « Ils sont adaptables au nombre d’animaux et à la typologie du bâtiment, précise François Normand. Ils créent des mouvements d’air potentiellement importants, ce qui permet de refroidir un animal l’été. Pour obtenir une bonne efficacité, plusieurs ventilateurs sont nécessaires. Il convient à chacun de faire le calcul sur son exploitation de l’intérêt de l’investissement, en fonction de la perte de lait enregistrée, sans négliger les dépenses en énergie de l’équipement et ses nuisances sonores. »

Un positionnement au-dessus du couloir d’exercice incite la vache à venir manger et réduit la baisse de la production. L’idéal est d’en installer aussi sur l’aire de couchage, afin que les animaux ne stationnent pas exclusivement derrière les cornadis et ainsi ne se reposent pas.

Limiter la baisse de la production

Les ventilateurs horizontaux créent une autre dynamique : l’air retombe sur le dos des vaches et plaque l’humidité au sol. « Cet équipement n’est pas le mieux adapté aux bâtiments français, car les pentes des charpentes ne sont pas assez importantes pour créer un tirage suffisant et faciliter l’évacuation de l’air au faîtage.

En Allemagne, où les bâtiments sont dotés de pentes plus abruptes et de faîtières à 4 ou 5 mètres, ces solutions sont plus indiquées. Ces ventilateurs coûtent entre 5 000 et 15 000 euros. Ils ont un fort rayon d’action et consomment peu d’énergie, mais la vitesse de l’air reste faible, et le renouvellement de l’air aussi. « Une étude espagnole a montré que pendant les phases de stress thermiques, l’installation de ventilateurs ne rattrape pas complètement la baisse de production, mais elle la limite, souligne François Normand. Le taux de réussite de l’IA se redresse aussi de 15 %. »

Marie-France Malterre