L’Allemagne devait mettre un terme à la castration à vif des porcelets le 1er janvier 2019, mais la grande coalition d’Angela Merkel a décidé d’allonger ce délai de deux ans. Les différents acteurs n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur des solutions praticables. Le problème concerne l’élevage conventionnel. Le secteur bio a déjà interdit cette méthode.

ALTERNATIVES PEU CONVAINCANTES

Dans un premier temps, la branche avait pourtant admis trois alternatives existantes : l’élevage de verrats, l’immuno-castration et l’anesthésie générale (par injection ou inhalation). Pour Matthias Quaing, représentant des éleveurs porcins, les trois solutions « montrent leurs limites ». Il détaille un marché saturé pour les verrats, le refus des trois principaux transformateurs à accepter les bêtes immuno-castrées, le manque de vétérinaires pour effectuer les anesthésies générales et l’absence d’autorisation nécessaire pour l’inhalation des cochons. « L’échec est lié à la division de l’industrie et des distributeurs sur le sujet. Le problème n’a rien à voir avec les éleveurs », juge le vétérinaire Andreas Palzer. Certaines enseignes refusent la viande issue d’animaux castrés à vif, d’autres sont fermées aux alternatives proposées.

Les éleveurs réclament la possibilité de castrer en administrant eux-mêmes l’anesthésie locale. La revendication a un arrière-plan économique. Le Danemark, important concurrent sur le marché du porcelet, utilise cette méthode moins coûteuse : 1 à 2 euros par animal, contre jusqu’à 6 euros pour les alternatives envisagées. « L’Allemagne importe déjà 11 millions de porcelets des Pays-Bas et du Danemark. En tant qu’éleveur, le choix rationnel se portera sur un porcelet d’importation », non soumis aux exigences allemandes de protection des animaux, avance Matthias Quaing. « L’anesthésie locale ne remplit pas les critères de la loi », rétorque Stefanie Zimmermann, de l’association de défense des animaux Tierschutzbund. « Et le médicament nécessaire n’est pas homologué en Allemagne » ajoute la députée Susanne Mittag. La solution, selon elle, serait de former les 11 000 éleveurs de porcelets à pratiquer l’anesthésie générale pour la castration. La ministre de l’Agriculture a promis un décret ad hoc. « Nous sommes prêts à réfléchir à des aides pour l’achat du matériel nécessaire », insiste l’élue, stupéfaite par l’inaction de la branche dans ce dossier.