« Sauvez un éleveur : mangez un vegan. » Vaste tâche, du reste répréhensible, que cette suggestion d’un internaute. En revanche, la loi n’interdit pas de filmer les animaux à poils… et à plumes. En décidant de faire une vidéo pour montrer le bien-être de ses vaches laitières dans sa ferme de l’Eure, Antoine Thibault ne s’attendait sans doute pas à des échanges, parfois tendus, sur YouTube entre les vegans (anti-viande, lait, cuir…) et ceux qui voient dans son exploitation une ferme exemplaire en matière de bien-être. Et ils sont nombreux dans ce cas, si l’on se fie aux commentaires. Ce qui est encourageant. La vidéo a, d’ailleurs, déjà été vue plus de 30 000 fois. Un bon moyen de diffuser la réalité d’une ferme laitière on ne peut plus « classique ».
Selon une étude présentée la semaine dernière (lire en page 21), si 57 % des citoyens connaissent mal l’élevage, les deux tiers se disent intéressés par des reportages. Or, s’il n’y a que 2 % d’abolitionnistes (pour l’arrêt de l’élevage), 24 % sont des alternatifs (soutien du bio et du local, et fin de l’intensif) et 51 % pour la diversité des systèmes. D’où l’importance de bien communiquer, pour que ces deux catégories ne durcissent pas leur vision de l’élevage, sous l’influence de vidéos ou d’actions d’associations engagées. L’agriculture française n’est pas un agglomérat de feed-lots américains ! Alors, jeunes et moins jeunes, à vos caméras ou à vos smartphones, pour montrer la réalité des élevages. Ou, comme les éleveurs de la ferme des 1 000 veaux, pour expliquer pourquoi ils se sont engagés dans ce projet collectif. La présence sur les réseaux sociaux est aujourd’hui fondamentale. Les organisations agricoles ont du mal à être entendues dans ce domaine. Tandis que les associations de défense des animaux restent très actives. En prévision de l’élection présidentielle, les programmes pro-animaux commencent d’ailleurs à fleurir. Et des actions sont prévues au moment du Salon de l’agriculture. Pas sûr qu’on va se poiler !