« Le gouvernement prend ses responsabilités et la lutte contre la maltraitance animale est une des priorités relevant du ministère de l’Agriculture, avait lancé Didier Guillaume lors de la conférence de presse hier, le mardi 28 janvier 2020. Les mesures annoncées sont des mesures fortes, jamais mises en place dans ce pays. »
> À lire aussi : « Plan gouvernemental : les 15 mesures de Didier Guillaume pour le bien-être animal » (28/01/20)
Malgré la forte volonté exprimée par le gouvernement de progresser sur les questions de bien-être animal, certains points restent à éclaircir, ce que la Coordination rurale (CR) ne manque pas de relever dans un communiqué diffusé le mercredi 29 janvier 2020.
Des interrogations laissées en suspens
« La Coordination rurale s’interroge sur les propositions alternatives qui pourront être adoptées par les éleveurs afin de répondre à ces nouvelles exigences », explique-t-elle dans son communiqué. Les annonces ont « une nouvelle fois manqué de clarté ».
Au sujet de la fin du broyage des poussins, bien que le ministre assure des moyens mis en œuvre et un engagement collectif franco-allemand pour avancer dans la recherche, le syndicat indique « qu’au stade actuel, la détermination du sexe des poussins avant l’éclosion n’est pas applicable à grande échelle ».
De même pour l’interdiction de la castration des porcelets prévue à la fin de 2021, « aucune technique fiable n’existe pour identifier les carcasses odorantes », note le syndicat. Bruno Ferreira, directeur général de l’alimentation, soutient à ce sujet que « des producteurs et coopératives françaises travaillent déjà sur la valorisation des mâles sans castration » et encourage « le développement de ces filières ».
Plus globalement, la Coordination rurale insiste sur la notion de réciprocité. « Les normes de production françaises doivent être appliquées à l’ensemble des denrées disponibles sur le marché, y compris aux importations. » Difficile de voir cette notion se concrétiser au vu des accords de libre-échange en cours de négociation à Bruxelles.
Les associations welfaristes restent sur leur faim
CIWF France, qui avait échangé sur les mesures de bien-être avec le ministre de l’Agriculture en octobre dernier, décrit les annonces comme étant « intéressantes pour certaines, mais sans cadre réglementaire ou législatif la question se pose si elles vont pouvoir être tenues et dans quels délais ». L’ONG welfariste regrette également que la question des cages pour toutes les espèces n’ait pas été évoquée, « malgré une forte demande des citoyens ».
Pour l’OABA, « l’ampleur des mesures annoncées est très éloignée des promesses faites par le ministre de l’Agriculture ces derniers mois ». L’organisation regrette aussi l’absence d’alternatives pour les éleveurs concernant l’arrêt de la castration à vif des porcelets et celui du broyage des poussins. Pour Welfarm aussi, il faut que « le flou autour de leur mise en œuvre soit rapidement levé ».
Concernant les autres mesures annoncées, l’OABA relève, qu’en matière de transport, « aucune décision n’est prise pour mettre un terme aux longs transports des animaux exportés en dehors de l’Union européenne » tandis que le CIWF demande « a minima un responsable de la protection animale sur les navires, qui sont une véritable boîte noire ».
Sur la question de l’abattage sans étourdissement, l’OABA et L214 s’agacent encore de l’absence de mesures « malgré les recommandations du CGAAER et l’avis rendu récemment par le Cese ».
« Flou sur l’étiquetage des modes d’élevage »
L’étiquetage sur les modes d’élevage, initiative allemande portée au Conseil des ministres le 27 janvier 2020 et soutenue par la France, a été présenté comme étant une « décision majeure » par Didier Guillaume. Bruno Ferreira avait alors souligné la nécessité « d’harmoniser les pratiques à l’échelle européenne pour éviter toute concurrence déloyale ».
Cette annonce n’a pourtant pas convaincu la Coordination rurale qui « craint que cet étiquetage entraîne le bannissement d’une partie de la production française des rayons au profit des produits d’importation. » Le CIWF émet également des doutes quant à sa concrétisation.