La collective du bioéthanol présentait à la presse ses perspectives pour la nouvelle année le 23 janvier 2024. Après une hausse de la consommation française de 83 % entre 2021 et 2022 et de 5 % entre 2022 et 2023, elle estime qu’une nouvelle augmentation de 5 % pour 2024 est « atteignable ». Cela compte tenu des prix bas qui devraient perdurer et ainsi attirer de nouveaux automobilistes, et de la marge de progression existante sur le nombre de stations qui distribuent ce carburant. Elles représentaient 39 % des stations françaises en 2023.
Mais le contexte réglementaire apporte aussi plus de visibilité. Au niveau français, la loi de finances pour 2024 comporte une mesure rendant les véhicules flex-E85 plus attractifs pour les entreprises, ce qui pourrait contribuer à la hausse de la demande. À l’échelle européenne, ce sont la révision de la directive RED 2, le nouveau règlement Euro 7 et celui sur les émissions CO² des véhicules légers qui ouvrent la voie à un contexte porteur, énuméraient Nicolas Kurtsoglou, en charge des carburants au SNPAA (Syndicat national des producteurs d’alcool agricole) et Vincent Guillot, directeur environnemental de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves).
Le sucre reste le principal moteur du prix de la betterave
Du côté de la production, la solidité des débouchés pour la betterave sucrière se confirme, estime Vincent Guillot. « Les projections sont plutôt très bonnes sur le bioéthanol comme sur le sucre. Il reste donc à obtenir une visibilité sur les moyens de production, comme la protection des plantes. Celle-ci arrivera par les fonds réservés à la recherche, et notamment le PNRI. »
La sole betteravière qui se destine à la production d’éthanol fluctue globalement entre 25 et 28 % des surfaces totales, selon l’expert. Une part significative mais aujourd’hui, « c’est le sucre qui porte la rémunération de la betterave. La production d’éthanol permet, quant à elle, d’optimiser les outils de production selon leur saturation, et peut apporter une résilience dans des contextes différents », précise-t-il.
Betterave et céréales couvrent chacune près de 50 % de la production française de bioéthanol, sur un total de quelque 300 000 ha cultivés par 55 000 agriculteurs. Plus marginaux, les résidus sucriers et amidonniers complètent l’équation. La France occupe ainsi la première place du podium européen, selon la collective. Cette dernière souligne que le superéthanol E85, contenant en moyenne 75 % de bioéthanol et 25 % d’essence, permet une réduction de 50 % des émissions nettes de CO² et de 90 % des émissions de particules. Elle a également engagé une étude pour tester trois types de superéthanol E85 100 % renouvelable, dans lesquels l’essence « classique » est remplacée par de l’essence renouvelable.