Dans son rapport trimestriel de mois d’août, l’Association internationale du sucre (Iso) a creusé son estimation du déficit mondial (différence entre la production et la consommation) pour 2021-2022, à 3,8 millions de tonnes, contre 2,6 millions de tonnes au mois de mai.

 

« Il s’agit d’un déficit important qui va nous conduire à des stocks mondiaux à la fin de 2022 les plus bas depuis 10 ans », indique Timothé Masson, économiste pour la Confédération nationale des planteurs (CGB). L’Iso les chiffre à 95,3 millions de tonnes.

 

Il s’agit, selon lui, d’un « vrai appel d’air » : le marché du sucre « explose », au-dessus de 20 cts/livre. « On n’imagine pas que cela change, car les spéculateurs continuent à entrevoir une hausse, ils restent nets acheteurs de sucre de manière assez active. Cela entraîne la hausse. »

Les comportements d’achat en question

La campagne de 2020-2021 se clôture également avec un déficit, chiffré à 1,4 million de tonnes par l’Iso. Les déficits des bilans de 2020-2021 et de 2021-2022 ramèneront ainsi le ratio stocks/consommation à 54,65 % à la fin de la campagne de 2021-2022. Ce niveau est en baisse de 2,59 % sur un an, « mais dans la fourchette historique après le sommet de 2019-2020 de 59,26 % », indique l’Iso.

 

L’association estime que les comportements d’achat dans le monde ont été modifiés en lien avec « des incertitudes de la chaîne d’approvisionnement » liées à la pandémie. Toutefois, elle estime que si les comportements revenaient à la normale, « les stocks excédentaires, achetés au cas où, seront remis sur le marché ou consommés ».

En Europe, les prix sont plus stables

« Les prix du marché à terme ont fortement augmenté en août », souligne l’Iso. L’association précise qu’ils ont bondi de 11,5 % par rapport à leur dernier rapport du mois de mai. Les prix nationaux ont réagi différemment en fonction des contextes. S’ils ont augmenté au Brésil et aux États-Unis, ils ont baissé en Inde, au Mexique et en Russie. En Chine et dans l’Union européenne, ils sont restés globalement stables.

 

« En Europe, les stocks sont très bas. On ne produit pas assez pour aller sur le marché mondial. On ne profitera pas directement de la hausse des prix », explique Timothé Masson.