Emilie, éleveuse ovine en Indre-et-Loire, confie : « On est très encadré lors d’une installation. Mais une fois que c’est fait, on est tout seul. » Un suivi minimum est néanmoins obligatoire pour les jeunes qui ont touché des aides.

Service minimum

Depuis 2015, les chambres d’agriculture et les directions départementales du territoire assurent deux contrôles post-installation. Un premier à mi-parcours, en deuxième année, permet de s’assurer du bon respect du plan d’entreprise et, le cas contraire, de faire le point sur les avenants à rédiger pour s’y conformer. Le contrôle de fin de plan d’entreprise est réalisé, quant à lui, en fin de quatrième année. Il conditionne le versement du solde des aides à l’installation et peut amener à la déchéance totale ou partielle de la dotation jeune agriculteur en cas de non-respect des engagements.

Pour ceux qui s’installent en dehors du parcours à l’installation aidée, aucun contrôle n’est imposé. Des profils qui « frisent l’isolement », selon Emilie, dont nombre de ses collègues ne sont pas passés par le dispositif.

Une période critique

Les données MSA, traitement ODR (Observatoire du développement rural) Inrae, montrent que 15 % des jeunes installés cessent leur activité d’ici la fin de la cinquième année d’installation. Pour les plus de 40 ans, seuls 76 % des installations se maintiennent jusque-là. L’accompagnement au démarrage et tout le long de la carrière est nécessaire, comme l’explique Alexandre, installé depuis 2011 en élevage laitier dans la Sarthe. « Toute compétence qui manque dans l’accompagnement, c’est du chiffre d’affaires en moins pour le jeune dans ses premières années », résume-t-il.

Le Cerfrance Terre d’Allier a conçu, en partenariat avec la chambre d’agriculture départementale, un protocole de suivi technico-économique spécifique pour les nouveaux installés. « C’est un dispositif pertinent, assure Patrice Girard, responsable au Cerfrance Terre d’Allier, car les premières années sont souvent les plus périlleuses. »

Un recul nécessaire

« Après l’installation, on fait une indigestion de l’administratif, on a envie de décrocher. C’est seulement à partir de la deuxième ou troisième année que l’on a le recul nécessaire sur l’environnement de l’exploitation et sur nos difficultés, explique Sébastien, céréalier depuis neuf ans en Seine-et-Marne. C’est à ce moment-là que nous avons besoin d’un accompagnement pour envisager tous les leviers d’amélioration. » Un recul et une maturité que Natalie Maurs, coach d’entreprise pour la chambre d’agriculture du Tarn, juge indispensables pour envisager une première réflexion sur la gestion de l’exploitation.

« Humainement, c’est important de sentir que l’on est entouré et d’éviter l’isolement en cas de difficultés », estime Emilie. La jeune agricultrice a pu profiter du tutorat d’un autre éleveur rencontré par le réseau Adear (Association pour le développement de l’emploi agricole et rural) pour la conseiller et l’accompagner dans ses premières années, notamment lorsque la pression parasitaire a brutalement augmenté sur le troupeau. Un soutien « bénéfique en cas de difficultés techniques ou économiques », raconte-t-elle.

Pour Sébastien, travailler et côtoyer ses pairs a été et reste essentiel pour progresser. D’ailleurs, après son installation, c’est avec d’autres collègues récemment installés qu’il décide de se réunir pour échanger, comparer ses résultats économiques et travailler à les améliorer. Dans la Mayenne, ce sont les jeunes installés qui sont à l’initiative des journées collectives post-installation portées par la chambre d’agriculture départementale (lire ci-dessus).