Pour concilier traite robotisée et pâturage, l’accessibilité des prairies est un sujet primordial. À l’EARL du Chemin, située à Barenton, dans la Manche, Jean-François Dorenlor a trouvé une solution pour simplifier la traversée d’un chemin par ses vaches.
Après avoir arrêté le pâturage et installé un robot de traite il y a plusieurs années, l’éleveur a redonné accès aux prairies à ses laitières en 2018. De mars à juin et d’août à septembre, les 60 prim’holsteins se rendent dans les onze hectares de pâtures situées à côté du bâtiment.

Un problème s’est néanmoins posé : la traversée d’un chemin emprunté quotidiennement en tracteur pour aller soigner les génisses, atteindre la fumière ou des parcelles. « Je n’avais pas envie de descendre systématiquement du tracteur pour ouvrir et refermer les fils, expose l’éleveur. D’autant qu’un oubli peut vite arriver quand on est dans la précipitation. » Faire le tour n’était pas envisageable non plus pour Jean-François. En plus d’une perte de temps, cela aurait contribué à salir la cour de ferme. Avant de remettre en place le pâturage, l’agriculteur s’est donc lancé dans la construction d’un passage à niveau.
Un simple kit de portail résidentiel
Il l’a fabriqué à partir d’un mécanisme d’ouverture de portail de maison. « J’ai acheté un simple kit sur internet, qui comprenait un boîtier de commande, deux bras d’ouverture avec un moteur électrique et deux télécommandes, énumère l’éleveur. J’aurais pu en prendre plus mais je n’ai que deux tracteurs, donc une dans chaque cabine. »

Le carrefour prend place sur un carré d’environ quatre mètres de côté, avec un poteau en béton à chaque angle. Deux barrières situées l’une en face de l’autre se croisent lors de l’ouverture et de la fermeture du passage. Une différence de hauteur de 10 cm entre l’une et l’autre évite le choc. « J’ai pris deux demi-barrières présentes sur la ferme. Je les ai prolongées à l’aide de tubes en ferraille, et j’ai soudé un renfort pour qu’elles se tiennent droites. »
Des petites protections en plastique aux extrémités limitent l’usure au contact avec les poteaux. Des gaines souterraines relient chacun des coins. « Il y en a une pour faire passer le câble entre le boîtier et le moteur de la barrière opposée, explique Jean-François. D’autres gaines font passer le courant des clôtures de part et d’autre du passage. » En cas de problème électrique ou de panne, les moteurs peuvent être débrayés en un quart de tour de clé Allen, pour éviter d’être bloqués dans une position.

Moins de 400 euros
Il a fallu deux jours de travail à l’agriculteur et à son salarié pour installer ce dispositif. « Le premier jour, nous avons creusé les tranchées pour l’électricité et placé les poteaux à l’aide d’une minipelle. C'est ce qui a été le plus compliqué à réaliser. Après, il ne restait qu’à faire les soudures, fixer les barrières et installer le kit. » Jean-François l’a acheté pour environ 200 euros. « J’ai choisi du premier prix, je ne pensais pas que ça tiendrait autant, sourit l’éleveur. Je n’ai pas eu à déplorer la moindre panne depuis trois ans. » Il possédait déjà les poteaux en béton, il n’a acheté que le nécessaire au câblage et les tubes. Au total, moins de 400 euros ont été déboursés pour cette construction.


Les télécommandes ont une portée d’une cinquantaine de mètres. La durée d’ouverture de quelques secondes correspond parfaitement au temps que met le tracteur à parcourir la distance. Jean-François n’a pas besoin de ralentir à l’approche du passage. « Il faut cependant être vigilant à ce qu’il n’y ait pas de vache à proximité directe des barrières, glisse l’éleveur. Pendant les quelques secondes d’ouverture, la voie est libre. Elles ont alors la possibilité de sortir sur le chemin. Cela m’est arrivé une ou deux fois au début de ne pas faire attention et de les faire sortir. »
Gildas Baron