La décision est tombée. De six à douze mois de prison avec sursis ont été prononcés par le tribunal correctionnel de Niort, le 17 janvier 2024, à l’encontre de trois organisateurs de manifestations contre des projets de réserves de substitution dans les Deux-Sèvres. Dans la foulée, les trois prévenus ont interjeté appel. À l’extérieur de l’enceinte, des manifestants se sont rassemblés, drapeaux et gilets aux couleurs des collectifs.
Nous sommes rassemblé-es devant le tribunal de Niort en attendant le jugement de nos 9 camarades !
— BassinesNonMerci ⏚ (@BassinesNon) January 17, 2024
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Bassines Non Merci paye le plus lourd tribut
Conformément aux réquisitions, le porte-parole du collectif Bassines Non Merci (BNM), Julien Le Guet, a été condamné à douze mois d’emprisonnement avec sursis et d’une interdiction de paraître pendant trois ans sur les lieux des rassemblements, a annoncé l’AFP. « J’ai également écopé d’une flopée d’amendes pour un montant total de 20 000 euros », a-t-il précisé à la sortie de l’audience.
À ses côtés, Joan Monga, alias Basile Dutertre, et Nicolas Garrigues, alias Benoît Feuillu, deux membres du collectif Les Soulèvements de la Terre (SLT). Ils ont eux été condamnés respectivement à neuf et six mois de prison avec sursis et interdits de territoire dans les Deux-Sèvres.
À l’origine, ils étaient neuf opposants aux réserves de substitution à comparaître devant la justice pour avoir bravé des interdictions préfectorales en organisant des manifestations à Sainte-Soline et à Mauzé-sur-le-Mignon, dans les Deux-Sèvres. De violents affrontements avaient alors éclaté avec les forces de l’ordre. Après deux journées de procès, les 8 septembre et 28 novembre 2023, la décision avait été mise en délibéré au 17 janvier 2024.
Ce mercredi, le tribunal correctionnel de Niort a également prononcé des amendes contre les six autres prévenus pour leur implication dans quatre mobilisations survenues autour des chantiers contestés dans le Poitou entre le 26 mars 2022 et le 25 mars 2023. Parmi eux figuraient deux membres de la Confédération paysanne, deux syndicalistes locaux affiliés respectivement à la CGT et Solidaires, un membre de BNM et un agriculteur bio.
« Il y aura une contre-attaque »
Dès la décision rendue, Julien Le Guet (BNM), Nicolas Bodin (CGT 79), Joan Monga (SLT), Benoît Feuillu (SLT) et Hervé Auguin (Solidaires) ont annoncé avoir interjeté appel. « On ne peut pas laisser condamner la CGT pour organisation de manifestation interdite, ça serait une première depuis l’occupation nazie », a réagi David Bodin, de la CGT des Deux-Sèvres, qui a annoncé que son syndicat se réunirait demain, jeudi 18 janvier, pour prendre une décision.
Lors d’une prise de parole commune, les prévenus ont dénoncé les peines prononcées. « Le juge a trouvé la voix du déni climatique, ont déploré Les Soulèvements de la Terre. On fait face à des peines de bannissement politique. C’est extrêmement grave et préoccupant. » Même son de cloche du côté de la Confédération paysanne qui se dit « choquée », rappelant « que cela condamne aussi les paysans qui cherchent à partager l’eau ».
La résistance sur le terrain face aux bassines ne s'est pas arrêtée pendant le temps judiciaire et va évidemment se poursuivre elle aussi, avec plus de détermination encore, dans les prochains mois.
— Les Soulèvements de la Terre (@lessoulevements) January 17, 2024
Et c’est à l’unisson que les différentes organisations ont annoncé qu’il y aurait « une contre-attaque ». Benoît Feuillu des Soulèvements de la Terre a assuré que « c’était une illusion d’imaginer que, parce qu’on bannit des personnes, le mouvement allait se stopper. Malgré ces peines, désobéir est un devoir face à l’urgence climatique et on va s’en donner le droit ». Julien Le Guet, des Bassines Non Merci, a lui rappelé que de nouvelles actions « antibassines » auraient lieu les 19 février, les 23 et 24 mars et un grand rassemblement international de plus milliers de personnes s’organisera du 14 au 21 juillet en Poitou-Charentes « ou ailleurs selon l’issue du procès ».