Les opposants aux « bassines » ont dénoncé, ce vendredi 1er septembre 2023 dans les Deux-Sèvres, une provocation de l’État devant le chantier d’une retenue d’eau destinées à l’irrigation agricole, qui vient de démarrer alors qu’ils réclament un moratoire sur leur construction.

Des travaux sans moratoire

« Ce nouveau chantier, c’est un passage en force, du mépris et une provocation de l’État. C’est manifeste qu’il n’y a pas de discussion possible », a affirmé Jean-Jacques Guillet, un des porte-parole du collectif « Bassines Non Merci », devant les grilles de la future retenue de Priaires, où des engins de terrassement ont commencé les travaux cette semaine.

D’une capacité de 160 000 mètres cubes, c’est la plus petite des seize retenues programmées dans le département. Une première fonctionne à Mauzé-sur-le-Mignon, et une autre est en construction à Sainte-Soline, où plusieurs manifestations depuis deux ans ont donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre avec les forces de l’ordre.

Le démarrage du chantier à Priaires est intervenu deux jours après l’arrivée, samedi dernier à Paris, d’un convoi de l’eau parti de Sainte-Soline pour réclamer un moratoire sur la construction des « bassines », surnom donné à ces réserves par les opposants. Dans ce cadre, des discussions ont eu lieu au siège de l’agence de l’eau Loire Bretagne à Orléans mais les services de l’État ont exclu tout moratoire, tandis que les préparatifs du chantier ont enflammé le débat.

Les « mégabassines sont des leurres »

« L’arrêt immédiat des travaux est indispensable aujourd’hui pour retrouver la sérénité sur le territoire », a affirmé Nicolas Fortin, représentant de la Confédération paysanne, présent également vendredi à Priaires. Le syndicat agricole s’oppose à ces réserves dites de substitution, visant à stocker en plein air de l’eau puisée dans les nappes en hiver, afin d’irriguer les cultures en été.

Leurs partisans en font une assurance récolte indispensable à leur survie et un outil de transition vers l’agroécologie. « Cet outil-là, c’est un leurre, il ne permettra jamais d’adapter l’agriculture au changement climatique. […] Le gouvernement est bloqué sur des positions d’une autre époque, ils sont encore dans un modèle hyperproductiviste », déplore Nicolas Fortin.

Le 8 septembre à Niort, sept représentants des syndicats CGT, Solidaires et Confédération paysanne, ainsi que du mouvement Les Soulèvements de la Terre et du collectif Bassines Non Merci, doivent être jugés pour avoir organisé des manifestations à Sainte-Soline malgré leur interdiction par la préfecture des Deux-Sèvres. Un important rassemblement de soutien est attendu devant le tribunal.