Dijon céréales dénonce l’agribashing

« Ce procès faisait suite à une plainte déposée par Dijon Céréales s’agissant de la destruction, le 28 novembre 2016, de parcelles d’essais chez l’un de [ses] adhérents, et à l’occupation illégale de [ses] locaux », rappelle la coopérative dans un communiqué.

 

Marc Patriat, son président, se dit « atterré, comme tous (ses) collègues paysans » par le jugement et pointe « un “agribashing” fantastique. La violation de propriété est reconnue par les prévenus, on n’est pas sur un jugement OGM, ce n’est pas le sujet. »

 

« Si nous respectons la décision de justice, nous la regrettons vivement. Nous souhaitons que Monsieur le Procureur de la République interjette appel de cette décision ; si c’était le cas, la coopérative Dijon Céréales inscrirait à la suite un appel pour qu’un nouveau procès se tienne », assure la coopérative.

Le soutien de Marre des faucheurs

Pour Marre des faucheurs, « la destruction d’un champ petit ou grand reste un acte de délinquance. Le saccage d’une parcelle et le viol de la propriété privée sont toujours vécus comme un traumatisme pour un agriculteur. »

 

Le collectif d’agriculteurs dénonce « l’hypocrisie des Faucheurs volontaires qui invoquent un pseudo “état de nécessité” pour légitimer leurs actes. En réalité, ils ne sont pas des donneurs d’alerte mais des militants radicaux. »

 

« Nous attendons toujours qu’ils viennent se dénoncer pour le saccage de nuit d’une parcelle de 11 hectares de tournesol dans l’Allier en 2011. Les Faucheurs volontaires recourent au même type de violence que les militants extrémistes végans qui s’attaquent à des boucheries. »

Les militants satisfaits

Le détail de la décision ne devrait être connu que dans quelques jours. Les magistrats ont indiqué que « l’état de nécessité », qui peut exonérer de responsabilité pénale « face à un danger actuel ou imminent », invoqué par les prévenus, n’avait pas été retenu.

 

Pour les militants, qui se félicitent de cette décision annoncée ce 17 janvier 2019, le colza « Clearfield » en question, créé par BASF, constitue un OGM au sens de la législation européenne, contrairement à ce qu’affirme la coopérative.

 

Annick Bossu, une militante relaxée, a estimé jeudi matin que la justice leur « donne raison. Nous défendons depuis le début qu’il s’agit de manipulation génétique en laboratoire. Nous avons fauché des OGM qui étaient cultivés en France sans que personne ne le sache. »

La mutagenèse dans le collimateur

Pour Dijon Céréales, les plants en cause ne sont pas classés OGM, ayant été obtenus par mutagenèse. Ces variétés ont été créées « pour répondre aux problématiques des agriculteurs et notamment le développement de mauvaises herbes » en utilisant moins de phytos.

 

Les militants anti-OGM ne partagent évidemment pas cette position. Ils assimilent les techniques mises en cause vont au-delà de la mutagenèse autorisée, en utilisant « la multiplication in vitro de cellules de pollen ».

 

Ils invoquent notamment une décision de la Cour de justice de l’Union européenne, pour laquelle les organismes obtenus par mutagenèse « sont des OGM », à l’exception des techniques « traditionnellement utilisées pour diverses applications et dont la sécurité est avérée depuis longtemps ».