Selon Générations futures, les dossiers européens de ré-autorisation de produits phytosanitaires européens « ignorent des pans entiers de la littérature scientifique dans leur évaluation, en dépit d’une obligation réglementaire ». L’association anti-pesticides de synthèse affirme que le règlement 1107/2009 impose de fournir l’intégralité des évaluations toxicologiques concernant la molécule concernée dans les dossiers de ré-homologation. Selon elle, « 0 % à 51 % des études publiées » qui devraient figurer dans ces demandes y figurent. Elle estime que cela représente une « sous-estimation de la dangerosité réelle des pesticides ».
Prendre en compte les méta-analyses
S’opposant à Générations futures, Jay Lavarenne, ingénieur agronome et docteur en biologie des systèmes, estime que « cette approche ne prend pas en considération l’existence d’une hiérarchie des preuves, et qu’il est tout à fait possible que les rapports d’évaluation citent des méta-analyses plutôt que des publications de niveau hiérarchique inférieur ». Les méta-analyses scientifiques sont des articles tirant des conclusions sur la base de nombreuses études scientifiques déjà publiées.
« Pour bien faire il aurait fallu analyser individuellement chacune des publications citées dans les rapports d’évaluation », estime-t-il sur Twitter. Il regrette également que Générations futures précise qu’elle n’accorde pas d’importance au fait que les études publiées suivent ou pas les bonnes pratiques de laboratoire (BPL). « Si on définit des bonnes pratiques de laboratoire, ce n’est quand même pas pour rien », commente-t-il.
Que GF milite pour la prise en compte de l'ensemble de la littérature scientifique des 10 dernières années dans les dossiers de demandes de réautorisation des pesticides à l'échelle européenne, je trouve ça bien dans l'idée... 1/n https://t.co/xKHncCpLSq
— Jay Lavarenne (@Codename5281) September 10, 2019
« Conclusions eronnées », selon Syngenta
Dans un communiqué paru le 11 septembre, Syngenta dénonce « les conclusions erronées » de ce nouveau rapport, concernant le métalaxyl-M, une des cinq substances actives pointées du doigt par Générations futures car ayant récemment subi le processus de réévaluation européen.
Générations futures assure que le dossier du métalaxyl-M « ne contenait aucune étude de toxicité publiée ». « Cette allégation est fausse », juge Syngenta, précisant que le dossier d’évaluation, déposé en 2012 auprès de la Belgique, État membre en charge de l’évaluation,
« incluait en effet les références de plus de 400 études publiques, concernant le métalaxyl-M, issues de la littérature scientifique disponibles au moment du dépôt ».
« 220 d’entre elles concernaient l’évaluation de la toxicité et 186 l’évaluation de l’écotoxicité », ajoute la firme, s’étonnant que « Générations futures ne fasse référence qu’à 36 études répertoriant » cette molécule. « La conclusion de Générations Futures selon laquelle “l’évaluation de cette substance a presque complètement ignoré les conclusions des études de toxicité publiées” est donc incorrecte », considère Syngenta.