La fondation internationale environnementale World Wildlife Fund (WWF) a dévoilé un rapport sur la méthanisation agricole en France, issu d’une démarche conjointement menée avec Gaz réseau distribution France (GRDF). Le développement de la filière « peut être durable, a minima, par le respect des principes de l’agroécologie », conclut ce document.

 

La publication, coconstruite avec des acteurs importants du secteur (1), estime que certaines pratiques constatées par des acteurs de terrain, remettent en cause cette durabilité. La mise en place de garde-fous y est décrite comme nécessaire. Le WWF insiste sur l’importance que la recherche de rentabilité ne supplante pas les objectifs alimentaires de l’agriculture, ni l’enjeu de résilience des agrosystèmes. La fondation appelle à la recherche d’un équilibre entre intérêts agricoles et énergétiques.

Conditions de durabilité et besoins d’approfondissement

Le rapport identifie trois grands enjeux, décrits comme des conditions de la durabilité :

    Favoriser la mise en œuvre de pratiques agroécologiques à l’échelle de l’exploitation ;S’intégrer au contexte territorial ;Contribuer à la résolution des défis sociétaux globaux.

 

Les besoins d’approfondir les connaissances sur ces pratiques récentes sont identifiés, notamment concernant leur impact sur la biodiversité et leur adaptation au contexte pédoclimatique de chaque territoire. Le WWF appelle à la poursuite de la recherche et des expérimentations pour préciser et enrichir les connaissances scientifiques en la matière.

Points de vigilance

L’organisation non gouvernementale (ONG) a axé ce premier rapport sur deux aspects majeurs : les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) et la valorisation des digestats. Elle pointe des aspects sur lesquels elle estime qu’il est impératif d’être vigilant. C’est le cas de la réduction du drainage entraîné par les Cive ou des émissions de protoxydes d’azote qui peuvent être issues d’une fertilisation inadaptée de ces intercultures.

 

Les effets sur l’équilibre économique de l’exploitation sont salués, mais une attention doit être portée aux pertes de rendement de la culture principale, dues au décalage de semis ou au manque de disponibilité en eau. Le document appelle à maîtriser l’effet des Cive pour ne pas gêner la conduite des cultures alimentaires et entraîner des changements d’affectation des sols. Il recommande aussi l’anticipation de la fluctuation du rendement de ces cultures intermédiaires.

Attention au stockage des digestats

Pour ce qui concerne les digestats, les principaux points de vigilance soulevés sont la nécessité d’une couverture étanche des espaces de stockage et celle d’un choix adapté de matériel et de période d’épandage. La bonne qualification des biomasses entrantes en fonction des procédés, pour assurer l’innocuité sanitaire des digestats est demandée également. L’effet sur les sols de ces digestats est « à approfondir », et les travaux en cours de l’Inrae sur le sujet semblent attendus par le WWF.

(1) l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), les chambres d’agriculture, Énergie Partagée, Solagro, l’Inrae, ACE Méthanisation, Citepa, Arvalis, l’Association technique énergie environnement (ATEE), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).