Les automnes tendent à être de plus en plus doux et avec eux la présence de pucerons à se généraliser. Toutefois, avec le retrait des néonicotinoïdes (imidaclopride sur céréales) en septembre 2018, la lutte contre ces ravageurs, et contre la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), virose qu’ils peuvent transmettre, s’appuie désormais essentiellement sur l’application de pyréthrinoïdes.
Or si pour le moment, les pucerons incriminés sur blé et orge ne présentent pas de résistances sur le territoire (voir encadré), la multiplication d’applications en végétation de cette famille amène à favoriser leur émergence. C’est dans ce cadre que le projet ABCD-B (1) a été mené entre 2019 et 2021 en conditions contrôlées, comme au champ.
Des écarts importants
Sur l’aspect génétique, des orges d’hiver porteuses de gènes de tolérance sont déjà disponibles. Toutefois, dans le contexte du projet, s’est posée la question de différences de sensibilité entre variétés de blé tendre déjà inscrites mais non sélectionnées sur ce critère. Au total, un peu plus de dix variétés ont été étudiées. Si les résultats doivent être interprétés avec prudence, Arvalis précise que les essais ont mis en évidence des différences de sensibilité variétale, avec des écarts non négligeables entre variétés et des pertes de rendement allant du simple au double.
L’institut précise ainsi que Solindo CS, RGT Libravo, Nemo, LG Absalon et Chevignon ont présenté moins de symptômes que Hyking, RGT Cesario et Unik. D’un point de vue rendement, Solindo CS, RGT Libravo, Nemo et LG Absalon, les moins sensibles ont eu des pertes moyennes de 16 à 19 %. Chevignon et Hyking ont, eux, des résultats plus variables et intermédiaires. RGT Cesario, Rubisco, Unik et KWS extase ont en revanche abouti à des baisses moyennes allant de 24 à 29 %.
L'intérêt de l’huile de paraffine
« Notre objectif a été de porter à la connaissance des semenciers les différences observées, sur ce nombre réduit de variétés. Charge à eux d’explorer la diversité génétique et d’apporter du matériel plus tolérant en situation exposée à la JNO", juge Jean-Baptiste Thibord, chez Arvalis. Par ailleurs, RGT Tweeteo, première variété tolérante à la JNO, est commercialisée depuis peu. La question qui se pose sur cette dernière est la durabilité de son unique gène de résistance.
Dans le cadre de ABCD-B, il a aussi eu un travail important de screening de solutions de biocontrôle. « Une seule substance candidate ressort comme intéressante : c’est l’huile de paraffine avec une efficacité seulement de 50 %. En revanche, nous n’avons pas réussi à voir de bénéfice à l’application d’azadirachtine », fait part le spécialiste.
Sur le court terme, Arvalis va continuer de tester d’autres variétés et le biocontrôle. « Débuté fin 2021, le projet Virocap va en complément s’employer à mieux connaître les virus des céréales à paille », ajoute Jean-Baptiste Thibord.
(1) ABCD de la protection contre les viroses transmises par les pucerons : Biocontrôle et variétés.