« La séquence climatique récente aura-t-elle un impact sur le potentiel des céréales ?

Après un automne plutôt sec, les quarts nord-est et sud-ouest du pays ont connu d’importants cumuls de pluie en décembre et janvier. Les champs inondés ponctuellement sont très nombreux et beaucoup de sols hydromorphes sont encore gorgés d’eau. En revanche, la sécheresse inquiète toujours dans le Sud-Est. Enfin, l’Ouest connaît une situation proche de la normale. Quant au cumul de températures depuis le 1er septembre, il est demeuré relativement conforme à la moyenne des vingt dernières années avec tout de même un excès de 50 à 100 °C sur une grande moitié du nord de la Loire.

Les bassins céréaliers seront-ils pénalisés par les excès d’eau de ces dernières semaines ?

Début février la situation demeure globalement correcte sur les grandes zones céréalières. Les bonnes structures de sol obtenues à l’implantation ont permis aux plantes de résister aux excès d’eau pour toutes les dates de semis antérieures au 15 novembre. À partir de début tallage, les céréales tolèrent une humidité excessive temporaire, même si cela affecte le nombre de talles et l’enracinement. Tant qu’une plante conserve le maître brin plus deux talles, le potentiel demeure.

Des températures négatives pendant une dizaine de jours font-elles courir un risque ?

La baisse annoncée dans un contexte de plantes peu endurcies par le froid jusqu’à maintenant n’a, à ce stade, rien d’inquiétant. Les premières petites gelées du début de la semaine ont permis aux céréales de rattraper quelque peu leur retard. Par ailleurs, les minima ne devraient pas descendre en dessous de − 6 °C sous abri dans la plupart des régions. En dehors du cas particulier des orges de printemps semées à l’automne et à un stade déjà avancé, les dégâts devraient se limiter à quelques brûlures sur les feuilles. Dans les sols crayeux et caillouteux, il faudra également surveiller les éventuels déchaussements.

Le retour d’un temps sec et plus froid peut avoir également un effet positif, puisqu’il devrait permettre l’assainissement des parcelles. Les racines vont redevenir fonctionnelles et capter les nitrates nécessaires à la croissance des plantes. Au passage, j’encourage les agriculteurs à recourir au dosage des reliquats azotés afin de bien connaître leur situation individuelle. »

Vincent Thècle