Au nord de l'Essonne et au sud-est des Yvelines, le plateau de Saclay s'étend sur plus de 11 000 hectares. Depuis les années 1950, la pression foncière menace ces terres limoneuses très fertiles : implantation de centres de recherche, de grandes écoles (HEC, Supélec, Polytechnique...), construction de villes nouvelles et des voies de circulation...
Rassemblés au sein de l'association Terre et Cité depuis 2001, les agriculteurs, accompagnés d'élus, chercheurs et habitants, ont obtenu la création d'une zone de protection naturelle, agricole et forestière (ZPNAF) inscrite dans la loi sur le Grand Paris en 2010. Ce décret, unique en France, sanctuarise 4 115 ha dont 2 469 ha de surfaces agricoles et garantit la pérennité de la quinzaine d'exploitations présente sur la ZPNAF.
300 000 consommateurs
Si le contexte périurbain nécessite des aménagements, les exploitations, majoritairement céréalières, ont su aussi en tirer parti. Plus de la moitié d'entre elles s'est tournée vers une activité en circuit court pour profiter du vivier des 300 000 consommateurs du plateau. « En 2022, 14 % des surfaces agricoles sont réservées aux débouchés de proximité, souligne Dorian Spaak, coordinateur général de Terre et Cité, et nous comptons plus de 16 % des surfaces en bio en 2022, contre 0 % en 2008. Ces diversifications ont permis la création de seize emplois entre 2015 et 2022 dans les fermes. Une dynamique que nous accompagnons notamment en facilitant l'accès à des logements sociaux agricoles à loyers modérés pour les salariés », précise-t-il.
À Corbeville, en lisière de la ZPNAF, un projet agro-urbain piloté par l’Établissement public d’aménagement (EPA) Paris-Saclay est en réflexion. La Banque des Territoires, au nom de l’État, finance 500 000 euros d'études (en prémices d'un financement complémentaire pouvant atteindre dix millions d'euros). L'EPA va notamment recenser le gisement potentiel d'urines (en alternative aux engrais chimiques) sur le plateau de Saclay, sachant que tout nouveau bâtiment doit être équipé de toilettes permettant leur collecte. D'ici à 2035, 170 ha pourraient être fertilisés à base d'urine humaine.