Performant. Le 541.70 s’est montré très efficace sur les travaux de chargement de fumier. Cet engin est le plus lourd du test et le dispositif anti-basculement EN 15000 ne s’est jamais déclenché, ce qui a contribué au débit du chantier.
Doté d’une transmission hybride qui nous a enthousiasmés, le JCB ne souffre d’aucune faute de goût. On peut lui reprocher une certaine austérité.
Celui-là, il n’est pas venu pour plaisanter. C’est une bête de somme qui nous attend devant la stabulation. Avec un design sobre et une cabine qui ne brille pas par sa convivialité, notre 541.70 est là pour abattre du boulot, pas pour remporter un concours de beauté.
Châssis
Cet AgriPro est conçu autour d’un châssis mécanosoudé. La cuve de carburant en acier est soudée à l’arrière de la machine. Les essieux sont de fabrication maison, avec un pont à glissement limité à l’avant. La particularité de JCB est de désengager automatiquement le pont avant au-delà de 19 km/h. Deux stratégies de conduite sont disponibles, Eco et Power. En Eco, le régime moteur ne dépasse pas 1 700 tr/min et le passage de rapport entre 1 et 2 s’effectue dès 17 km/h. Le mode Power exploite à fond les capacités du moteur Ecomax et procure une très bonne force de traction de 5,6 t.
Moteur et transmission
On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! JCB a donc opté pour un moteur maison Ecomax de 145 ch conforme à la norme Tier 4 final. La transmission DualTech VT équipe notre chargeur. Combinant une partie hydrostatique et une partie mécanique, elle cumule les avantages des deux solutions. Mais l’exploitation des possibilités de cette boîte ne s’offre pas au premier venu. En effet, les commandes en cabine sont si mal indiquées qu’il est possible d’ignorer certaines possibilités.
Avec les deux boutons situés en haut du joystick, nous passons les rapports sous charge. Le premier rapport fonctionne en hydrostatique avec une traction renforcée. Il permet de travailler jusqu’à 19 km/h. Les trois rapports suivants sont des powershift en prise directe. Il n’y a pas de convertisseur de couple, la partie hydrostatique jouant ce rôle. Il est possible de passer automatiquement tous les rapports de 1 à 4. La petite surprise vient d’un cinquième rapport, le Flexi-Mode. Là, impossible de le trouver sans les explications de JCB. Pour basculer dans ce mode symbolisé par un escargot sur le tableau de bord, il faut appuyer plusieurs secondes sur le bouton de passage des rapports inférieurs. Ce mode est adapté pour les travaux de chargement et le curage. En Flexi-Mode, la pédale d’accélérateur contrôle la vitesse d’avancement et l’accélérateur à main pilote le régime moteur. La vitesse maximale est limitée avec un bouton rotatif. Les chauffeurs pressés apprécieront la possibilité de passer en mode Flexi sans s’arrêter et de repasser en mode classique tout en conservant les réglages de régime moteur et de vitesse en mémoire.
Flèche
La tête de flèche du JCB présente un gabarit impressionnant. Le Britannique fait dans l’originalité avec un vérin qui sort pour benner, au lieu de rentrer comme sur les machines concurrentes. Le mât télescopé est recouvert d’une graisse sèche, de type Waxoil, qui limite l’accumulation de débris. L’engin possède une capacité de levage supérieure à la moyenne, à toutes les hauteurs. Flèche rentrée, la force est mesurée à 5,14 t à 3,20 m.
Côté cinématique, le JCB possède l’un des meilleurs parallélogrammes avec une déviation qui ne dépasse pas 1,5° à la hauteur maximale. La suspension de flèche s’active d’une simple pression sur un interrupteur. Elle s’engage automatiquement au-dessus de 4 km/h. L’attelage de l’outil bénéficie d’un verrouillage hydraulique. Il s’effectue avec la commande de la troisième fonction mais, attention, les verrous horizontaux ne reviennent pas en position automatiquement. Il faut donc bien penser à les activer une fois l’outil en place, sous peine de perdre le godet au premier bennage. En outre, pour pouvoir utiliser la troisième fonction, il est nécessaire de basculer une vanne au niveau du tablier. Là encore, un oubli peut avoir des conséquences fâcheuses.
Joystick
À l’image de la cabine, le joystick est simple et efficace. Il ne porte aucune indication. Les deux boutons supérieurs commandent le passage des rapports de vitesse. Les deux molettes centrales servent respectivement au télescopage du bras et à la troisième fonction. Enfin, le bouton inférieur active la fonction de secouage du godet. Sous le pommeau se trouve l’interrupteur de l’inverseur sous charge, un emplacement très pratique pour réaliser les manœuvres tout en pilotant la flèche. Ce joystick est solidaire de l’accoudoir et du mouvement du siège, une configuration qui réduit la fatigue du chauffeur après une journée de travail.
Au travail
Au chargement du fumier comme dans le ramassage de la paille, le JCB est une bête de somme qui abat le travail sans difficulté et sans malmener le chauffeur, grâce notamment à l’amortissement en bout de flèche. JCB utilise la gravité pour baisser le bras, ce qui augmente l’huile disponible pour les autres mouvements. Des fonctions comme le secouage du godet améliorent la productivité.
Conduite sur route
Avec sa transmission hybride, le JCB réalise le meilleur temps sur le parcours routier. La DualTech VT nous bluffe par son répondant. Il en va de même pour les freins, qui sont d’une efficacité redoutable, et sont à jauger prudemment. Le confort sur route est appréciable, mais c’est surtout le silence en cabine, plutôt rare à bord d’un chargeur télescopique, qui nous a marqués.
Sobre La cabine est dominée par le noir, ce qui produit une impression d’austérité. Les commandes sont peu nombreuses et assez regroupées, à défaut d’être bien identifiées.
Rapide. La transmission Dual Tech VT fait la différence sur la route, en particulier dans les montées avec le plateau à paille chargé. Le JCB se comporte quasiment comme un tracteur.
Une cabine sans fioritures et complète
Amateurs de couleurs et de gadgets, cette cabine n’est pas pour vous. Le fidèle sujet de sa majesté opte pour la sobriété avec un habitacle qui peut sembler austère, mais auquel il ne manque rien. L’accès se fait par deux larges marches disposant d’un bon antidérapant. Nous prenons place sur un siège Kab Seating dans sa version Deluxe avec suspension basse fréquence. Nous remarquons que le joystick est solidaire du siège. Cela peut paraître un détail, mais après quelques heures de travail, nous apprécions cette configuration qui diminue nettement la fatigue sur le bras. La cabine est l’une des moins spacieuses sur le papier mais à bord, c’est surtout la hauteur sous plafond qui fait défaut, notamment en raison de l’armature de protection située à l’intérieur.
Du côté de l’ergonomie générale, les habitués de la marque ne seront pas perdus avec la configuration classique qui a fait ses preuves. En revanche, les autres auront besoin d’un petit moment d’adaptation et de quelques décryptages. Car si les boutons ne sont pas nombreux, la plupart ont des indications bien peu compréhensibles. À gauche du volant, tout va bien. Hormis les commandes de phares, on trouve la molette à trois positions pour les modes de direction. Sur la console de droite, c’est un peu plus confus. Tout d’abord, les commandes ne sont pas regroupées par type de fonction et l’absence de code couleur n’aide pas le chauffeur. Le bouton pour sélectionner les modes Eco et Power, tout comme celui de la suspension de flèche, est situé juste à côté du petit terminal et c’est une bonne idée. En effet, pas besoin de partir à la chasse pour ces deux-là, qui sont parmi les plus utiles. Parmi les boutons mystères, on note la présence d’un interrupteur avec deux flèches en sens opposés. Il sert en fait à basculer l’hydraulique vers la troisième fonction à l’avant ou sur le crochet ramasseur à l’arrière. Un autre symbole original est celui du bouton de décompression de la ligne hydraulique pour faciliter le décrochage de l’outil. Dommage qu’il ne soit pas placé plus près de la porte, car les chauffeurs étourdis devront remonter en cabine pour l’actionner.
Sur le montant A prend place le système antibasculement EN 15000. Heureusement qu’il ne se déclenche jamais, car le bouton noir pour le shunter est peu visible sur son support.
Le terminal est à l’image de la cabine : sans fantaisie mais performant. Il offre les informations nécessaires sur les rapports de vitesses, le mode de direction et tous les automatismes engagés, comme la suspension de flèche ou le secouage du godet.
Terminal. Simple, le terminal apporte toutes les informations nécessaires. Il est bien lisible, de jour comme de nuit.
Régime moteur. Cet accélérateur à main sert en mode Flexi, pour le travail à régime constant.
Inverseur. En plus de l’inverseur placé à gauche au volant, JCB propose une commande sous le pommeau du joystick.
Le récap
Les points positifs
Transmission efficace
Silence sur route
Joystick sur l’accoudoir
Fonctions hydrauliques intelligentes
Braquage
Les points négatifs
Verrouillage de l’outil
Visibilité sur la droite
Peu d’espace au-dessus de la tête
Caisse à outils pas au niveau du reste de la machine