Tous les syndicats s’accordent pour dire que le ministre de l’Agriculture semble avoir entendu leurs appels face à l’urgence de la situation. Après les annonces de Didier Guillaume, le 26 octobre 2018 dans la Meuse, les syndicats agricoles saluent l’activation simplifiée des exonérations de taxes foncières sur le non bâti et la confirmation des allègements de charges sociales. L’inquiétude règne concernant les disponibilités en fourrages. Les syndicats demandent la moralisation du marché et la mise en œuvre de moyens supplémentaires pour éviter les ventes anticipées d’animaux.

Prendre en compte les coûts de transport

« Il faudra aller plus loin dans les soutiens et prendre en compte les frais de transport, comme nous l’avait promis Stéphane Travert, s’inquiète Nicolas Girod, le secrétaire national de la Confédération paysanne. Dans le Jura, nous trouvons du foin de luzerne en Espagne, mais les coûts sont très élevés, plus de 250 € la tonne avec le transport. »

Pour Bernard Lannes, le président de la Coordination rurale, il reste la solution d’un aliment sécheresse subventionné pour limiter la décapitalisation. « Nous n’avons pas assez anticipé, contrairement à l’Allemagne et il ne reste que peu de fourrages disponibles », déplore-t-il. Certaines régions ont déjà annoncé la mise en place de plans de soutien spécifiques comme le Grand Est ou la Bourgogne-Franche-Comté. « Nous exigeons une neutralité totale dans la mise en œuvre de ces aides, poursuit-il. Les services de l’État, comme les chambres d’agriculture, doivent en être les maîtres d’œuvre. »

Adapter les critères d’éligibilité

Pour bénéficier d’une indemnisation au titre du FNGRA, le Fonds national de gestion des risques agricoles, il faut subir une perte de fourrages d’au moins 30 % et une diminution du produit brut d’exploitation d’au moins 13 %. « Les critères historiques du fonds ne sont plus adaptés, s’inquiète Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA. Cet épisode de sécheresse est très atypique avec une bonne pousse au printemps. »

Certains départements, comme la Meurthe-et-Moselle, ont des difficultés à valider leur accès au FNGRA, car les récoltes de fourrages au printemps ont été correctes. « Le critère des 13 % doit aussi être révisé, ajoute Joël Limouzin. Les exploitations d’aujourd’hui sont beaucoup plus diversifiées. Ce calcul exclut beaucoup d’exploitations ayant plusieurs productions. »

L’épineuse question de l’enveloppe financière allouée à l’indemnisation des pertes n’a pour l’instant pas été abordée par le ministre. Joël Limouzin rappelle néanmoins qu’il serait « de bon ton que les 255 millions d’euros puisés, en 2015, sur les réserves du FNGRA puissent être restitués au titre de la solidarité nationale ».

Marie Salset