Pour les syndicats, « la filière porcine française s’est engagée depuis de nombreuses années à proposer des produits de qualité et s’est fixée un certain nombre d’exigences de production, de l’élevage à la transformation. […] Le logo “Le Porc Français” constitue un gage de sécurité et de traçabilité grâce à l’encadrement réglementaire français, bien plus strict que chez nos voisins européens ».

Or, ils accusent Fleury Michon de s’approvisionner « presque pour moitié à l’étranger », notamment en Espagne et au Danemark, alors que le modèle espagnol est un « modèle porté par des capitaux industriels, sans lien au sol et champion d’Europe en termes de consommation d’antibiotiques. […] Ce n’est pas la conception que nous avons de la montée en gamme ! »

Ce désengagement « entraîne le plus grand flou »

Après les réflexions menées dans le cadre des États-généraux de l’alimentation « s’inscrivant dans une démarche durable et répondant aux exigences de tous les marchés », y compris la montée en gamme, « le désengagement de Fleury Michon du travail qui a été porté collectivement, avec les partenaires charcutiers – traiteurs, entraîne le plus grand flou auprès de ses éleveurs », regrettent la FRSEA et JA.

« La Fict ne s’engage pas assez » dans la montée en gamme

Interrogé par La France agricole, David Garbous, directeur du marketing stratégique du charcutier, rappelle que l’entreprise a choisi de quitter la Fict, justement parce que cette dernière ne s’engage pas assez dans le sens d’une montée en gamme à ses yeux. « Les États-généraux de l’alimentation avaient l’ambition d’améliorer la qualité de nos produits, c’est ce qu’attendent les consommateurs », rappelle-t-il. Aller vers un « modèle vertueux » ne pourra se faire, selon lui, que si les acteurs de la filière porcine avancent « tous ensemble ».

Or, les discussions sur ce sujet à la Fict, et notamment sur le Nutri-Score, ne satisfaisaient pas Fleury Michon. La Fict s’oppose officiellement à cet affichage nutritionnel, tandis que le charcutier souhaite au contraire y intégrer davantage d’indicateurs, comme la présence d’antibiotiques… Constatant le désaccord, Fleury Michon a préféré prendre ses distances. Mais il conserve néanmoins un pied dans l’interprofession porcine Inaporc, via sa participation dans Vallégrain Développement.

À terme, 100 % de l’offre en gammes alternatives

Pour preuve de son engagement dans le sens d’une montée en gamme, Fleury Michon avance ses chiffres de production. « La moitié du chiffre d’affaires est aujourd’hui fait par nos gammes bio, label rouge, Bleu-blanc-coeur ou J’aime (sans antibiotiques), récapitule David Garbous. Ce segment affiche une croissance de 10 % par an, alors que les produits standards reculent de 5 % dans le même temps. » Pour lui, tout le monde y gagne, le producteur parce qu’il est mieux payé, le transformateur qui accroît ses débouchés et sa valeur ajoutée, et le consommateur qui obtient les produits de qualité supérieure qu’il souhaite.

Le groupe a d’ailleurs pour ambition de passer 100 % de son offre sur ces démarches alternatives d’ici à cinq ans. Sans compter que ces créneaux sont, pour David Garbous, « un gage à l’international », alors que les concurrents comme les États-Unis ou la Chine ne restent pas sans rien faire sur ces sujets.

E.C.