La mécanique est bien huilée : des images filmées dans l’atmosphère sombre d’un bâtiment d’élevage avec des toiles d’araignée et des gros plans sur les animaux, des poules pondeuses en l’occurrence. Et la voix de l’actrice réalisatrice qui commente : « Ces oiseaux n’auront jamais connu le ciel, le soleil, ni même l’herbe. Seulement le contact dur et inconfortable du sol grillagé de leur cage. »

Toiles d’araignées et poules en cage

« Dans ces cages surpeuplées, les poules sont privées de comportements essentiels comme explorer leur environnement, gratter le sol, étendre leurs ailes tout simplement… Dans cet élevage, de nombreuses poules meurent. Mais tous les corps ne sont pas ramassés et certains sont laissés dans les cages où ils finissent par se décomposer. D’autres sont même à l’état de fossile, gisant parmi les survivantes. »

Sophie Marceau ne tarde pas à s’adresser à sa véritable cible : les députés qui commencent à examiner la loi sur l’alimentation ce 22 mai 2018. « Vous serez amenés à vous prononcer pour ou contre l’interdiction de l’élevage des poules en cage, assure-t-elle. Nous comptons sur vous pour mettre fin à ce supplice vécu chaque année par 33 millions de poules pondeuses. 90 % des Français souhaitent cette interdiction. »

Faire pression sur les députés

Les élevages de poules pondeuses en cage sont dans le collimateur de L214 depuis quelques mois déjà. L’association a diffusé deux vidéos, une le 14 mai et une le 17 mai, concernant des élevages de la Somme et de la Manche. « Au XXIe siècle, comment est-il encore possible d’enfermer des animaux dans de telles conditions ? interroge Brigitte Gothière, cofondatrice de L214. Pourquoi cette situation scandaleuse perdure ? »

La FNSEA a réagi lundi, le 21 mai, rappelant que L214 milite pour l’abandon de tout produit animal dans l’alimentation. « L214 sort ses vidéos non pas pour protéger les animaux mais dans un calendrier politique, affirme Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA, interrogé par l’AFP. S’ils voulaient protéger les animaux, ils auraient publié avant cette vidéo » qui date de mars, souligne-t-il, rappelant que L214 milite pour l’abolition de l’élevage.

La FNSEA dénonce la méthode

« C’est facile de se servir d’égéries pour faire passer un message », poursuit-il, en rappelant que L214 avait déjà mis à contribution les actrices américaine Pamela Anderson et française Hélène de Fougerolles pour donner un impact médiatique à ses campagnes. Et « la méthode est délétère, ils prennent des élevages qui représentent 0,5 % du secteur, des gens qui travaillent mal pour porter le discrédit sur toute la profession », ajoute Étienne Gangneron.

Pour Étienne Gangneron, la filière des œufs a fait des progrès avec notamment un label « Œufs de France » qui garantit l’origine et la traçabilité des produits. « Mais pour les œufs, il faut une revalorisation des prix et beaucoup de consommateurs ne veulent pas payer plus cher, affirme le vice-président de la FNSEA. Il faut que tout le monde avance dans le même sens. »

E.R. avec l’AFP