L’avenir de l’élevage français était au centre du débat de la Fédération française des marchés de bétail vif (FMBV), le 17 avril à Villeneuve-d’Aveyron. Si plusieurs participants ont fait preuve d’optimisme, tous ont partagé le constat du « niveau catastrophique des revenus des éleveurs » mais aussi la nécessité de prendre en compte les attentes sociétales.

Inverser la logique de construction des prix

« La construction du prix est indissociable de la montée en gamme prévue par les plans de filière », souligne Alexandre Merle, le président de la section des veaux d’Interbev. Sceptique face à la logique de construction d’un prix sur la base des coûts de production, le député Frédéric Decrozaille estime que « le positionnement d’un prix sur le marché est toujours fonction de la demande », et que « c’est ensuite la répartition de la valeur ajoutée qui se négocie ». Un avis partagé par le directeur de l’abattoir de Villefranche-de-Rouergue, Gilles Ricard.

Frédéric Decrozaille regrette également que le plan de filière ne se préoccupe pas véritablement de la viande issue des réformes laitières. « Si vous ne nous aidez pas à construire notre prix et à répartir la plus-value, nous n’aurons fait que la moitié du chemin », plaide Pierre Cabrit, président de l’association Fil Rouge, en rappelant le déséquilibre des forces en présence : un amont atomisé face à quatre centrales d’achat…

Savoir écouter

« L214 occupe un espace médiatique vide qu’il nous faut combler, explique Philippe Auger, le président d’Elvea France. Nous faisons très bien les choses, il nous faut en témoigner. » Une démarche insuffisante pour Frédéric Decrozaille, pour qui « communiquer c’est écouter ». Les professionnels de l’élevage « sont inaudibles » s’ils se contentent d’expliquer ce qu’ils font. « Il faut multiplier les occasions de rentrer en contact avec les consommateurs mais aussi avec les associations de protection animale, pour comprendre leurs problèmes. »

« Il est primordial de penser de la fourchette à la fourche, en comprenant les préoccupations des consommateurs et en y apportant des réponses », estime Pierre Cabrit, rappelant que la consommation de viande n’est pas en crise mais en pleine mutation. « Nous ne consommons plus de protéines animales pour compenser un dur labeur, mais pour nous faire plaisir. »

Valérie Scarlakens