« L’impact sanitaire et environnemental de la viande rouge peut être amélioré, en particulier via la modération dans sa consommation, sans forcément l’éliminer », c’est ce que met en évidence Antoine Herth, député d’Agir Ensemble de la cinquième circonscription du Bas-Rhin, dans une note publiée en avril au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Adopter une alimentation raisonnée au profit de sa santé

En France, 32 % de la population en consomme au moins 500 grammes par semaine, cette proportion étant plus élevée chez les hommes (41 %) que chez les femmes (24,1 %). La viande rouge, en particulier la viande bovine, se distingue par une teneur en fer héminique importante et facilement assimilable par l’organisme.

Elle est d’ailleurs traditionnellement perçue comme une nourriture « particulièrement fortifiante et reconstituante, voire indispensable ». Mais « les bienfaits liés à la consommation de viande rouge sont indissociables des risques qui y sont liés », nuance Antoine Herth, évoquant les risques d’une consommation excessive pointés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Quantifier l’impact environnemental, une équation complexe

La consommation de viande rouge a également des répercussions environnementales en termes de bien-être animal, de pollution et d’empreinte carbone. Ce point suscite de nombreux débats, d’autant que les impacts de l’élevage de ruminants sur l’environnement ne peuvent se cantonner au calcul des émissions de gaz à effet de serre (GES) produites.

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À ce sujet, « une approche plus fine montre une forte variabilité des émissions selon les modes d’élevage (2). Ce constat est à l’origine de nombreuses recherches sur les techniques de production pour en améliorer le bilan carbone », rapporte le député.

« Le bilan environnemental de la viande bovine diffère selon les méthodes de calcul utilisées. Pour attribuer à l’élevage 14,5 % des émissions d’origine anthropique, la FAO retient la méthode dite d’analyse du cycle de vie. Cependant, des écarts d’estimation importants sont signalés », poursuit Antoine Herth.

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Prendre en considération les contributions positives

« Si l’impact environnemental négatif attribué au secteur de l’élevage dépasse souvent de beaucoup l’empreinte au sol du bétail (NDLR : méthane généré par les fermentations entériques et les déjections animales, protoxyde d’azote…), des agronomes appellent à prendre également en considération ses externalités positives. »

D’après le rapport, cinq paramètres méritent d’être pris en compte pour mesurer l’impact environnemental de l’élevage : l’émission de GES et la variation des stocks de carbone du sol, la qualité des eaux et de l’air, l’emploi des ressources naturelles, l’usage des terres et l’impact sur la biodiversité.

Les établissements de recherche scientifique et les instituts techniques déploient de nombreuses actions sur le terrain pour atténuer les effets de l’élevage au profit de pratiques plus vertueuses et durables pour l’environnement. Le député fait notamment référence au rapport d’étude de l’Inrae« Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ? Potentiel d’atténuation et coût de dix actions techniques » publié en 2013.

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Parmi les pistes d’amélioration, Antoine Herth évoque dans son rapport l’atténuation des émissions d’ammoniacvia des aménagements au niveau des bâtiments d’élevage et du stockage des effluents. Il cite également la méthanisation pour valoriser les matières organiques sous forme d’électricité. Du côté des pratiques d’élevage, « l’amélioration génétique des races constitue une piste d’atténuation », poursuit-il.

Ne pas sous-estimer le poids des produits importés

Quoi qu’il en soit, « ni l’évaluation objective de l’impact environnemental des élevages locaux ni la recherche d’améliorations concrètes n’épuisent la question de la nécessaire traçabilité des produits importés, notamment eu égard à la déforestation et aux atteintes à la biodiversité », rappelle Antoine Herth.

Lucie Pouchard

(1) « Les recommandations pour une alimentation saine et durable dépendent beaucoup de la culture, des traditions et de la société », rappelle le rapport.

(2) « Pour 100 g de protéines produites sous forme de viande bœuf, l’empreinte carbone moyenne est de 25 kg en équivalent carbone, mais les valeurs accusent une forte dispersion statistique, de 9 kg pour le premier décile à 105 kg pour le dernier », détaille le rapport.