Une centaine d’agriculteurs ont manifesté le lundi 19 mars 2018 à Ajaccio pour demander le maintien d’aides européennes liées aux surfaces pastorales dites « peu productives », c’est-à-dire des surfaces faiblement ou non herbacées utilisées pour l’élevage sur des pâturages naturels. Les agriculteurs se sont rassemblés dans la matinée devant la préfecture d’Ajaccio à l’appel de la FDSEA et de Jeunes Agriculteurs (JA). Une délégation a été reçue par le préfet à la mi-journée.
Un modèle mis en péril
« C’est un modèle de société, explique Joseph Colombani, le président de la chambre régionale d’agriculture. Nous sommes sur des parcours peu productifs typiquement européens. Ça s’appelle des niches économiques et commerciales, c’est ce que les gens attendent de la production corse ; donc si on enlève ces aides, on enlève ce modèle-là d’agriculture et c’est ça qu’on veut défendre. »
Depuis 2015, dans le cadre de la politique agricole commune (Pac), les surfaces adaptées au pâturage sont éligibles à des aides européennes. Chaque éleveur doit déclarer la proportion de surface qui est réellement productive pour nourrir ses animaux, et il reçoit une aide au prorata de cette surface. Un audit de la Commission européenne a constaté pour la France « une déficience dans les contrôles administratifs » qui doivent établir « l’admissibilité de la parcelle déclarée ». La Commission a notamment pointé « une application de prorata trop élevés » et a demandé à la France de mettre en place « des mesures correctives », faute de quoi elle menaçait de suspendre tous les paiements.
Négociations en cours
Lundi 19 mars, le préfet a assuré dans un communiqué que « le montant global des aides pour la Corse », d’un montant de 37 millions d’euros, serait « maintenu ». « Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation [...] négocie activement pour que les mesures correctives imposées par la Commission soient acceptables pour tous, sans mettre en péril les exploitations pastorales », ajoute-t-il.
Jean-Marc Venturi, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Corse qui faisait partie de la délégation reçue par le préfet, s’est dit « satisfait du maintien de l’enveloppe globale » mais inquiet de la manière dont elle serait utilisée : « Nous n’accepterons pas que les agriculteurs perdent un seul centime » lié à une modification du prorata d’aides.
Se faisant écho des demandes de la FDSEA et de JA, Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de la Corse, a appelé dans un communiqué « au maintien du dispositif et du référentiel validés par l’État et l’UE en 2015 jusqu’à la fin de la campagne en cours en 2020 ».
La Confédération présente à Bastia
Du côté de la Conf’, les manifestants étaient réunis par la Via Campagnola devant la préfecture de Bastia. D’autres mobilisations sont attendues le 21 mars dans l’Aude, le Limousin et au Pays basque, le 22 mars en Ardèche, et le 26 mars dans la Région Paca. « Les parlementaires ont été interpellés par courrier pour interroger cette semaine le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, lors des questions d’actualité au gouvernement dans les deux chambres », indique le syndicat dans un communiqué paru le 19 mars.
La Confédération paysanne défend l’éligibilité de toutes les surfaces pastorales en tant que surfaces agricoles support de production, le maintien des tranches actuelles de prorata ainsi que du taux d’admissibilité de ces surfaces et une amélioration de la méthodologie des contrôles en réponse aux griefs formulés dans l’audit de la Commission européenne sur les aides Pac.