Le jour où... : « La mort de mon père a fait tout basculer »

«C’était le 7 janvier 2017, un samedi soir. J’étais chez des amis, quand, vers 23 heures, ma mère m’a téléphoné. Elle m’a annoncé que mon père était mort, tombé dans la fosse à lisier. Sur le coup, on n’y croit pas. Ce n’est pas possible. Malgré mon chagrin, j’ai aussi pensé aux animaux. Qui allait les nourrir et les soigner ? L’élevage, c’est ma passion. Je suis née dans les vaches. Avec mon père, Éric, nous parcourions tous les concours de red holstein. Il m’emmenait partout. Nous vivions pour ça.

Le départ du troupeau

Le lendemain de l’accident, une vingtaine depersonnes étaient présentes, dès 9 heures du matin, pour m’aider. Amis, famille, voisins, tout le monde s’est mobilisé. Lors de l’enterrement, ils étaient un millier.

Je me suis occupée des animaux pendant plusieurs semaines. Puis, le 7 février, un mois jour pour jour après la mort de mon père, Urfa de la Sologne, sa vache primée au Salon de l’agriculture, s’est laissée mourir. Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il fallait que le troupeau parte au plus vite.

Je travaille en tant que salariée dans un élevage caprin et beaucoup de personnes m’ont déconseillé de m’installer. Nous étions déjà endettés et, au regard du prix du lait, ce n’était pas possible. Il a donc fallu que je me résigne à vendre les vaches. Mes amis des concours ont pris les choses en main. Lorsque le dernier camion est parti, c’était un déchirement.

Mon cousin, qui habite à une heurede chez moi, a gardé quelques-unes de mes vaches préférées. Une est montée au Salon de l’agriculture à Paris cette année. Malgré ma grande tristesse, je suis toujours aussi passionnée par l’élevage. Je continue de travailler avec des chèvres. Je ne pourrais pas faire autre chose. Mais la mort de mon père m’a fait prendre conscience qu’il y a autre chose à côté de l’élevage. J’ai rencontré mon conjoint, j’ai acheté une maison et, pour la première fois de ma vie, j’ai passé une semaine de vacances à la montagne. C’était magnifique de voir les sommets enneigés. »