Intérêt nutritionnel
Le Nutri-Score est un logo à cinq couleurs, apposé sur les emballages, qui permet de distinguer, en un coup d’œil, une partie de la composition nutritionnelle d’un produit : de la plus favorable, notée A, en vert foncé, à la moins favorable, notée E, en orange foncé. La notation prend en compte, pour 100 grammes, la teneur en nutriments et aliments à favoriser (fibres, protéines, fruits et légumes) et ceux à limiter (énergie, acides gras saturés, sucres, sel). Le Nutri-Score est en phase d’expérimentation jusqu’en 2020 (2) et, pour le moment, soixante-cinq entreprises et distributeurs – dont Danone – ont choisi de l’afficher (3). Dans la catégorie des plats préparés, par exemple, où chacun aura une notation différente, le consommateur pourra faire un choix éclairé.
Les fromages pénalisés
Mais l’intérêt du Nutri-Score actuel est, malheureusement, limité pour les produits laitiers. La plupart des fromages sont en effet dans la catégorie D (orange). Les fromages allégés pourront être en C (jaune) et ceux plus gras ou salés en E (orange foncé). Cette notation n’est pas assez discriminante. De plus, la teneur en micronutriments, calcium ou vitamines, n’est pas prise en compte. Ce qui fait que le roquefort se retrouve avec un Nutri-Score E (orange foncé), comme les pâtes à tartiner… Imaginez l’effet sur le consommateur ! Va-t-il se dire que le fromage est mauvais pour sa santé et ne choisir que des aliments classés en vert ? Il ne faut pas oublier qu’il y a des éléments essentiels dans les matières grasses. Ceci pourrait le conduire à un déséquilibre nutritionnel et l’étiquetage serait alors contre-productif ! Il ne prend pas en compte la notion de quantité consommée.
Pertinent pour les yaourts
Tous les laits de consommation auraient un même Nutri-Score B (vert clair). Les beurres seront tous en catégorie E (orange foncé). Encore une fois, c’est peu discriminant, voire pénalisant.
Ce logo apportera, en revanche, une vraie information pour les produits frais, de type yaourts, crèmes dessert, etc. Un yaourt nature sera mieux noté qu’un dessert sucré, par exemple. Le Nutri-Score sera facile à interpréter pour le consommateur, qui pourra s’en servir pour faire son choix. Il pourra aussi avoir un effet positif sur les industriels, en les incitant à modifier leurs recettes, pour être mieux notés. Il y aurait là un effet vertueux.
Améliorer l’outil
D’ici à deux ans, une première évaluation de ce système sera possible. Pour les produits laitiers, essentiels pour la santé, il ne faudrait pas que le Nutri-Score mette à mal toute l’information et la sensibilisation que la filière a eu tant de mal à construire ! Pour éviter une baisse de la consommation et les déséquilibres nutritionnels, il est nécessaire de continuer notre pédagogie sur l’équilibre alimentaire. Nous espérons que le système sera revu pour les produits laitiers, avec la possibilité de mieux les discriminer au sein d’une même catégorie.
(1) Centre national interprofessionnel de l’économie laitière.
(2) Un amendement du projet de loi alimentation voulait imposer le Nutri-Score pour les produits faisant objet de publicité à la télévision. Il n’a pas été retenu par les députés.
(3) Tous les produits d’une même marque doivent afficher le logo.