Une culture sous tension
La culture du soja pose différents problèmes : la déforestation, la pollution des eaux, l’atteinte à la biodiversité, le droit du travail et en particulier des enfants, les atteintes aux droits de propriété et de jouissance, une rémunération équitable du cultivateur… Au Sud les OGM, au Nord la résistance aux herbicides. Pourtant la culture du soja peut être durable, sur tous les continents.
Disparités sous une même appellation
Des importateurs, des cultivateurs, des négoces, des fabricants d’aliments, ont développé des labels de soja durable. Il y a le simple non-OGM, le SoRes de l’Apfaca (Association professionnelle des fabricants d’aliments composés pour animaux), les programmes nationaux de gestion de la propriété rurale, comme Soja Plus dans certains États du Brésil, et le Soja Moratorium interdisant la commercialisation de soja cultivé sur des terres amazoniennes déboisées, le protocole d’assurance de la durabilité du soja aux États-Unis (SSAP)… Chacun y va de ses critères, selon sa sensibilité et ce qui l’arrange. Et il n’y a pas d’organisme certificateur qui contrôle l’application de ces cahiers des charges.
Autosuffisance illusoire
Malgré les programmes européens de promotion des protéines locales (soja, luzerne, algues…), les productions européennes ne suffiront pas, même à terme, à couvrir nos besoins. L’Union européenne importe actuellement 30 millions de tonnes de soja par an. Les utilisateurs – importateurs, fabricants d’aliments, négoces, éleveurs – doivent rester extrêmement vigilants, car les consommateurs réagissent vivement aux informations relayées par les médias, sans toujours faire la part des choses. Les crises successives (vache folle, viande de cheval, maltraitance dans les abattoirs) ont érodé leur confiance.
Dans les pays du nord de l’Europe, les préoccupations portent plus sur les conditions de travail, les atteintes au droit, la déforestation, en France et en Italie sur les OGM, en Allemagne sur les bonnes pratiques agricoles. Il était urgent d’harmoniser la dénomination « soja durable ». En 2015 la Fefac a publié des lignes directrices incluant 59 recommandations, dont 37 essentielles et 22 désirables, basées sur six critères : conformité juridique, responsabilité environnementale, bonnes pratiques agricoles, protection des relations communautaires, respect des droits fonciers et conditions de travail, en travaillant avec les acteurs locaux (NDLR : les OGM ne sont pas bannis). Le Centre du commerce international (ITC), agence rattachée à l’OMC, vérifie de manière indépendante que les labels soja durable sont conformes à ces lignes directrices. L’objectif de la Fefac est d’atteindre 10 millions de tonnes référencées en 2017. Nous espérons que ces recommandations deviendront la référence internationale.
Faire émerger un nouveau marché
Pour l’instant, le soja durable est un produit dans la gamme d’un négoce, chacun ayant le sien. Si nos recommandations sont suivies, un marché ad hoc du soja durable pourrait émerger.
La Fefac représente 25 associations nationales dans 19 États membres de l’UE, ainsi que la Suisse, la Turquie, la Serbie, la Russie et la Norvège.