Vous avez 61 ans et êtes agriculteur à Bryas, dans le Pas-de-Calais, mais pourriez-vous nous en dire un peu plus ?

L’exploitation sur laquelle mon fils, Guillaume, vient de me rejoindre produit céréales, betteraves, pommes de terre et légumes. J’ai été élu président de Sucreries-distilleries des Hauts de France (SDHF) en 2004. La coopérative a fait le choix, voyant se profiler la fin des quotas, de se rapprocher de Tereos, qui avait engagé une diversification pouvant être source de revenu complémentaire pour les coopérateurs. Et nous allons continuer à nous appuyer sur ces trois piliers, le sucre en France, la canne et l’amidon, qui constituent l’ADN de Tereos.

Envisagez-vous la fermeture d’usines et un rapprochement avec Cristal Union ?

Ces deux sujets ne sont absolument pas à l’ordre du jour. Nous n’avons pas prévu non plus de ventes d’actifs. Il n’en reste pas moins qu’il va falloir saturer les usines, en reconduisant les surfaces en 2021. Notre objectif est de restaurer la profitabilité de la coopérative au profit des coopérateurs. Une nouvelle page se tourne pour eux, et nous sommes confiants dans leurs engagements. Nous allons remettre l’agriculteur au centre des préoccupations de Tereos, et revoir les statuts pour que des producteurs soient présents dans chaque filiale.

Quelles marges de manœuvre avez-vous pour regagner en compétitivité ?

Depuis plusieurs années, malgré les chiffres d’Ebitda (1) toujours plus élevés présentés par la direction, Tereos décroche par rapport à ses concurrents, en sucre comme en amidon. Il n’y a pas de raison de faire moins bien qu’eux. Le président du directoire que nous avons choisi, Philippe de Raynal, a l’expérience pour y parvenir. Dès le 5 janvier, nous allons lancer trois audits sur les plans financier, industriel et commercial et étudier plusieurs pistes, par exemple faire en sorte de rebâtir avec nos clients une relation commerciale constructive.

Comment voyez-vous la coopérative dans deux ans ?

Quand les agriculteurs auront retrouvé de la profitabilité sur leurs hectares de betteraves, on pourra réfléchir à la stratégie de diversification. Car la diversification, ça peut être loin de nos fermes, mais aussi sur nos fermes, ou juste à côté. Nous pourrons par exemple travailler sur d’autres débouchés de la betterave, ou d’autres pistes de transformation de la fécule de pommes de terre. Propos recueillis par Blandine Cailliez

(1) Bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement.