Àseize ans, sur la ferme de ses parents, alors producteurs de lait dans le Cézallier, Julien fait trois tonneaux au volant de son tracteur. Il est hospitalisé pour un double pneumothorax. « Cet accident m’a donné l’envie de me dépasser », déclare cet homme de trente-cinq ans, au regard et au sourire lumineux. Il se met au vélo pour la rééducation et, très vite, sillonne le Massif central.

Après le lycée agricole, Julien s’oriente vers des études de géographie. En 2004, il se lance dans un tour d’Europe de 5 400 km, auquel il associe une action de promotion du don du sang. « J’en ai tellement reçu, que je voulais communiquer sur ce sujet. » Les voyages s’enchaînent : Nouvelle-Zélande, Balkans, Amérique du Sud, où il découvre, lors du parcours de 11 000 km entre Lima et Ushuaia, les paysages les plus époustouflants qu’il ait vus. La traversée du désert bolivien, à 4 000 m d’altitude, est une véritable épreuve, mais une fois arrivé, la joie de la réussite le submerge. « Les cyclistes aiment quand ça monte, dit-il. Le vélo, c’est de la méditation, on se concentre sur l’instant grâce à l’effort. Si le corps n’est pas sollicité, l’esprit tourne en boucle. Ce goût de l’effort est une valeur que le monde paysan m’a transmise. »

Tour du monde en amoureux

En 2008, il a le coup de foudre pour Marion, qui rêve de tour du monde à vélo depuis toujours. Ils quittent l’Auvergne pour atteindre la Nouvelle-Zélande quatorze mois plus tard, après avoir traversé vingt-deux pays et pédalé 22 000 km. Sur vingt-cinq étapes de leur parcours, le Rotary Club organise des collectes de sang.

D’un pays à l’autre, les contrastes sont saisissants : l’accueil chaleureux des Serbes et des Turcs, la beauté du désert iranien, l’oppression provoquée par les foules indiennes, la pollution de l’île de Java…

Les parents de Julien, devenus éleveurs de bovins viande, les rejoignent en Inde pour trois semaines. Au cours de chaque voyage, Julien prend des notes et, à son retour, se documente sur les contrées traversées pour nourrir ses livres. De son périple avec Marion, il a tiré une conférence, donnée cent soixante fois dans des lycées, collèges et festivals ! Aujourd’hui, les bicyclettes attendent tranquillement les prochaines aventures au fond de leur maison de Nadaillat (Puy-de-Dôme), sur laquelle flottent des drapeaux tibétains.