Lors de ma prime enfance, d’anciens employés de fermes binaient les allées des jardins familiaux. Ne pouvant plus soulever les sacs, leurs patrons les avaient encouragés à se tourner vers les espaces fleuris. L’argent gagné au maniement du râteau leur servait alors de retraite, mais quand des successeurs mieux lotis purent s’offrir des croisières, binette et râteau cédèrent la place à des herbicides de plus en plus mal considérés. La « bino-râtisseuse » ou la « brûleuse » peuvent faire partie des espoirs de ceux qui rêvent de se promener dans des allées propres, mais évidemment la robotique a d’autres ambitions ! Imaginons tout ce que cet outillage non soumis aux 35 heures pourra nous apporter, surtout s’il est mu par l’énergie solaire. Certains le craignent comme on craint un enfant bravant les interdits. C’est là une question d’éducation et de renouvellement des emplois.

Pour ma part, je suis subjugué par les drones capables de localiser les adventices, ce qui permet d’intervenir a minima, mais je sais que ces engins peuvent faire peur quand on ignore d’où ils viennent. Alors, dit-on, des aigles dressés pourraient les abattre ! Nous voilà en pleine science-fiction, ce qui nous conduit au projet d’aller voir sur Mars s’il y eut de l’eau en l’an 3 milliards avant notre ère. En ce domaine, des drones feraient sans doute mieux qu’un aéronaute coincé six mois dans la cellule d’un vaisseau spatial. Mais redescendons sur terre ! On raconte que naguère à l’Elysée, un Africain, régnant sur un coin de forêt vierge, invita en son pays Tante Yvonne, laquelle imbue de politesse bien apprise, se serait pâmée d’aise jusqu’à ce que le grand Charles (de Gaulle) lui glisse à l’oreille : « Et qu’est-ce que vous iriez y foutre ? » Comme le rêve d’un pays lointain, le robot ne manquera pas, lui aussi, de connaître des frustrations.